Exclu de Saint-Cyr, il saisit la justice

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Fabienne Cosnay , modifié à
Pierre Schydlowski, jeune militaire homosexuel, conteste son renvoi pour des "mauvais résultats". 

"Je veux qu'on me permette de finir mes études et de passer mon diplôme" a-t-il confié au Monde. Pierre Schydlowski, 23 ans, était promis à un brillant avenir au sein de l'armée de terre française. Un cursus franco-allemand au sein de la prestigieuse école Saint-Cyr, en coopération avec l'université de la Bundeswehr, l'armée allemande.

Une agression homophobe puis un viol

Son rêve s'est écroulé le 21 juillet 2011. Ce jour-là, la prestigieuse école d'officiers lui annonce son exclusion pour mauvais résultats et écarts de conduite. Le jeune militaire, dépressif, est seul face aux membres du conseil d'instruction de l'école. Son contrat de militaire est résilié. Un mois plus tard, un médecin de l'école estime pourtant que "le lieutenant est apte à poursuivre son engagement". Le jeune homme se voit réaffecté "en contrat de bilan" aux Écoles du matériel de Bourges, "où il compte les cahiers et les crayons", explique son avocat, Me Morain.

Aujourd'hui, Pierre Schydlowski a décidé de saisir le tribunal administratif de Rennes pour contester son renvoi. Le militaire aurait en partie "payé" son homosexualité. Le 24 novembre 2010, le jeune homme est victime d'une agression homophobe dans un bar de Munich, en Allemagne. Sa hiérarchie apprend alors son homosexualité. Premières brimades. Ses collègues ne lui adressent plus la parole. Son supérieur allemand l'humilie en public : "Le capitaine a multiplié les réflexions à mon égard devant les autres, du type : "Vous avez baisé combien de mecs ce week-end ? J'avais mal au ventre à l'idée d'aller dans son bureau", a confié Pierre Schydlowski au Monde. 

"Très mauvais résultats"

Dans la nuit du 2 au 3 juin 2011, le jeune militaire est victime d'un viol dans une boîte de nuit de Munich. Convoqué par son supérieur allemand, Pierre Schydlowski s'entend dire : "J'étais sûr que ça allait arriver. Avouez que cela vous a fait plaisir". Le jeune homme sombre dans une dépression. Il ne se présente pas à ses examens de fin d'année.

Le 15 juillet 2011, l'école Saint-Cyr décide de le rapatrier en France. Une semaine plus tard, le jeune militaire est convoqué par le conseil de discipline de l'école. Pierre Schydlowski apprend que "la poursuite de son parcours est impossible en raison de très mauvais résultats et écarts de conduite". Aujourd'hui, l'armée assure que "les seuls motifs d'expulsion" du jeune militaire "sont des résultats académiques insuffisants, des absences répétées en cours, et pas seulement aux examens, et un comportement atypique datant de 2010 qui ne permettait pas de maintenir un lien de confiance entre l'élève et le professeur", sans vouloir donner de précisions supplémentaires sur la nature du "comportement atypique". Le tribunal administratif de Rennes devrait se prononcer sur l'affaire d'ici un an.