Et si le bac coûtait plus d'un milliard ?

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Sophie Amsili , modifié à
LE CHIFFRE - L'estimation du principal syndicat des proviseurs est 20 fois supérieure aux précédentes.

C'est la première fois qu'un tel chiffre est avancé pour chiffrer les coûts liés à l'organisation du baccalauréat. L'examen coûterait 1,5 milliard d'euros, selon les calculs du principal syndicat de chefs d'établissement, le SNPDEN, publiés par le site du Monde. Environ 20 fois plus qu'estimé auparavant. Que signifie ce chiffre ?

Moins de cours en juin. En fait, les dépenses liées à l'organisation des épreuves ne représentent qu'une part limitée du coût global : 74 millions d'euros, selon le syndicat. Ce qui fait flamber la facture, ce sont les trois semaines d'enseignement perdues dans les lycées en juin, lorsque les locaux et le personnel sont mobilisés pour l'examen. L'estimation du SNPDEN est la première à en tenir en compte. Puisqu'un lycéen coûte 11.500 euros à la collectivité par an, le syndicat multiplie ce chiffre par les 36 semaines de cours et calcule que cela revient à près de 1,4 milliard pour trois semaines.

Ce calcul est toutefois à nuancer : rapporté à 52 semaines (le coût d'un lycéen est évalué sur une année civile), les trois semaines de cours perdues ne coûtent "que" un milliard d'euros.

Pourquoi la facture a grimpé ? Les dépenses ont en fait bondi, précise l'étude, pour plusieurs raisons. Premièrement, l'indemnité de correction est passée de 1,32 à 5 euros la copie entre 2008 et 2009. Ensuite, les oraux de langues vivantes, une des nouveautés du bac 2013, ont empêché 493.305 heures d'enseignement selon le SNPDEN, soit l'équivalent de 16 millions d'euros. Le nombre de candidats a par ailleurs doublé en trente ans. Enfin, le nombre d'épreuves supplémentaires, options facultatives et langues évaluées a grimpé.

Pour un "choc de simplification". Pour le syndicat des proviseurs, il faut donc un "choc de simplification "qui réduirait les coûts de l'examen". D'autres veulent tout bonnement rouvrir le débat sur l'existence du bac, décroché chaque année par près de 90% d'une classe d'âge selon l'Insee. Le sociologue Michel Fize, cité par Le Monde, avance ainsi les gains qui pourraient être réalisées : "la suppression de l'examen permettrait de recruter 5.000 enseignants supplémentaires, 8.000 infirmières, et de distribuer 250.000 bourses en plus.

Un calcul "pas raisonnable" ? Pour Daniel Robin, co-secrétaire du Syndicat national des enseignants du second degré, interrogé par Europe 1, le calcul réalisé par le SNPDEN ne reflète pas la réalité des choses : "ce calcul laisse entendre qu'on dégagerait 1,5 milliard d'euros en supprimant le baccalauréat, ce qui n'est pas le cas. Les enseignants mobilisés par le bac seraient tout de même rémunérés, même s'ils avaient une autre activité. Toute cette partie-là, qui constitue l'essentiel du calcul du SNPDEN, ne dégagerait aucune économie."