Eric Zemmour : condamnation requise

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Le parquet a demandé vendredi au tribunal correctionnel de Paris de condamner le chroniqueur Eric Zemmour, pour diffamation à caractère racial et provocation à la discrimination raciale, après ses propos controversés tenus sur "les noirs et les arabes", dans l'émission Salut les Terriens. Le procureur de la République, Anne de Fontette, n'a pas précisé la peine qu'elle souhaitait voir prononcée contre le journaliste. Elle a mis en avant "le crédit qui peut être accordé aux paroles d'Eric Zemmour, un homme de médias, un polémiste reconnu, un trublion parfois".

Eric Zemmour a été cité en justice pour diffamation et provocation à la discrimination raciale par SOS Racisme, la Licra, le Mrap, l'UEJF et J'accuse. Les cinq associations ciblent des propos tenus le 6 mars 2010. Dans l'émission de Thierry Ardisson, diffusée sur la chaîne cryptée, Eric Zemmour s'était indigné après une intervention sur les contrôles au faciès: "Mais pourquoi on est contrôlé 17 fois? Pourquoi? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est comme ça, c'est un fait". Le même jour, sur France Ô, il avait également tenu des propos controversés, répondant, à une question qui lui était posée, que les employeurs "ont le droit" de refuser des arabes ou des noirs.

En commençant son réquisitoire, le procureur a rappelé qu'elle était la porte-parole d'une "République qui doit unifier et pacifier surtout dans la période trouble que la France traverse depuis plusieurs mois et au cours de laquelle des propos que l'on croyait définitivement tus reprennent de la vigueur". Concernant la citation sur les trafiquants, elle a regretté qu'Eric Zemmour ait repris le "vieux stéréotype qui assimile l'immigration à la délinquance". Pour ce qui est de la seconde assertion, elle a rappelé qu'en France, "la discrimination n'est pas un droit mais un délit".

Répondant à l'argument d'Eric Zemmour selon lequel "la discrimination, c'est la vie et que la vie c'est injuste", le procureur a développé : "ça me fait penser aux adolescents qui écrivent sur un arbre: 'la vie ça vaut rien mais rien ne vaut la vie !', Ca va quand on est ado, mais quand on est adulte, c'est un peu court comme raisonnement..." A l'issue de la plaidoierie de la défense, le tribunal devait mettre sa décision en délibéré à plusieurs semaines.