Ecole : une séquestration et un débat

Après la séquesteration à l'école catholique de Berre-L'Etang, les syndicats se demandent si la formations des enseignants est suffisante.
Après la séquesteration à l'école catholique de Berre-L'Etang, les syndicats se demandent si la formations des enseignants est suffisante. © MAX PPP
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avec Yann Terrou, envoyé spécial , modifié à
A Berre-l’Etang, les syndicats dénoncent les "méthodes cavalières" des parents d’élèves.

Pourquoi les parents d’élèves ont séquestré pendant près de 24 heures plusieurs membres de l’école privée catholique de Berre-l’Etang alors qu’ils savaient déjà que l’enseignant, critiqué pour son manque d’autorité, allait être remplacé ? Même si la directrice, deux institutrices et deux agents administratifs ont été relâchés mercredi, les méthodes employées inquiètent fortement les syndicats de la profession.

Des parents consommateurs

Dans les centrales syndicales, on s’inquiète de voir le même type de séquestration que dans certaines entreprises. "Le mode choisi par les parents paraît plus que cavalier. Ça montre le climat dans lequel on est arrivé, à séquestrer des professeurs, comme on peut le faire dans des conflits dans des entreprises suite à des plans de licenciements", déplore Bruno Lamour de la Fep-CFDT, principal syndicat du privé.

Cette séquestration serait-elle la traduction d’une crise générale de l’école ? Christian Chevallier du syndicat SE Unsa (école primaire et secondaire) voit dans cet acte "des parents qui se situent en consommateurs d’école. Aujourd'hui, l'enjeu de la réussite scolaire est un véritable enjeu pour les enfants mais de là à séquestrer le directeur !", s’offusque ce dirigeant syndical.

Entretenir un dialogue

Le cas de Notre-Dame de Caderot "montre qu'il y a nécessité toujours d'entretenir un dialogue entre l'école et les familles pour désamorcer les conflits et éviter qu'ils ne dégénèrent de manière brutale", commente de son côté, Sébastien Sihr, du SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire.

Sur le cas personnel de l’enseignant critiqué par les parents d’élèves, Bruno Lamour du Fep-CFDT s’interroge "si c'est un effet de la pauvreté de la formation initiale telle qu'elle est proposée aujourd'hui ou si c'est une erreur de casting".

Pas la science infuse

De son côté, le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel s’est dégagé de toute responsabilité dans cette affaire car c’est à "la direction diocésaine, qui a la responsabilité de l’organisation de l’enseignement dans cette école, d’apporter une réponse". Néanmoins, Luc Chatel a pris la défense du professeur en formation. "Il faut aussi que les parents d'élèves acceptent qu'un professeur, lorsqu'il est en phase de formation, il découvre le métier, il est accompagné, il est entouré et qu'on n'a pas la science infuse lorsqu'on démarre dans la vie professionnelle".

Aux parents qui ont fait valoir que les enfants étaient "en danger", le ministre a répondu : "Danger pour les enfants en CM1 ? Je veux bien tout ce qu'on veut, mais nous allons regarder. L'Inspection académique prend ça avec beaucoup de sérieux naturellement, et nous allons regarder comment répondre à ces difficultés, mais il y a d'autres méthodes que de séquestrer la directrice d'une école", a-t-il jugé.

Selon les informations recueillies par Europe 1, le directeur diocésain d’Aix-en-Provence n’exclut pas de porter plainte contre certains parents d’élèves.