Eau : 420 communes au-delà des normes

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Sophie Amsili avec agences , modifié à
Les normes sont dépassées mais il n'y a pas de danger, souligne la Fondation France Libertés.

Quelle est la qualité de l'eau de votre robinet ? Obtenir des informations sur le sujet est loin de couler de source. Pourtant, la charte de l'environnement de 2004 prévoit que "toute personne a le droit (…) d'accéder aux informations relatives à l'environnement détenues par les autorités publiques (…)". C'est pour mettre fin à ce paradoxe que la Fondation Danielle Mitterrand-France Libertés et le magazine 60 millions de consommateurs ont publié une carte des nombreuses dérogations accordées par les préfets aux communes sur la qualité de leur eau dans le cadre d'une enquête plus vaste à paraître en mars.

Qui a une dérogation ?

Résultat : "plus d'un millier de dérogations, réparties sur 419 communes, étaient recensées à l'automne 2012", précise l'enquête qui liste les dérogations, commune par commune. Les seuils de nitrates, arsenic, atrazine, glyphosate ou autres polluants sont alors dépassés… mais de peu. La Seine-et-Marne décroche le gros lot avec plus de 30 dérogations. L'Orne, le Val d'Oise, le Calvados, la Seine-et-Maritime et l'Essonne en comptent pour leur part entre 5 et 30. Contrairement aux idées reçues, la Bretagne ne compte aucune dérogation, en développant des solutions pour faire venir de l'eau potable selon les normes en vigueur.

Alors pourquoi laisse-t-on les Français consommer de l'eau à la limite de la légalité ? Parce que "cela ne représente pas un danger immédiat pour la santé du commun des mortels qui va consommer cette eau", précise Thomas Laurenceau, rédacteur en chef de 60 Millions de consommateurs. Contacté par Europe1.fr, Emmanuel Poilane, directeur de France Libertés, conseille tout de même aux habitants de Seine-et-Marne de "vérifier si leur commune est concernée et de prendre contact avec leur opérateur d'eau pour savoir si le problème est traité".

"Une espèce de laxisme ambiant"

Mais ce qui inquiète vraiment les auteurs de l'étude est la gestion de la distribution de l'eau potable. "Dans un certain nombre d'endroits, pour des durées importantes, on accepte que les gens ne reçoivent pas une eau parfaitement aux normes. On se demande s'il n'y a pas une espèce de laxisme ambiant", prévient Thomas Laurenceau.

Plus de transparence et plus de solutions à long terme : ce sont donc les deux objectifs de cette étude. "Nous sommes dans la rustine, nous ne solutionnons pas nos problèmes à long terme", alerte  Emmanuel Poilane dans une tribune publiée mardi sur le Huffington Post. Il appelle à "sacraliser, le mot n'est pas trop fort, nos zones de captages et au-delà" pour assurer "notre ressource en eau" à long terme. D'ici là, "arrêtez de boire de l'eau en bouteille et revenez à l'eau du robinet maintenant !", enjoint Emmanuel Poilane, qui rappelle que cette dernière "coûte tout de même de 300 à 6000 fois moins cher !"