ENQUETE - Faut-il libérer Patrick Henry ?

Patrick Henry, détenu depuis plus de 35 ans, a entamé une grève de la faim.
Patrick Henry, détenu depuis plus de 35 ans, a entamé une grève de la faim. © MaxPPP
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FF avec Pierre de Cossette , modifié à
 Le détenu est en grève de la faim pour dénoncer sa situation en prison.

C'est l'homme qui a effrayé et choqué la France de 1976. Condamné pour le meurtre de Philippe Bertrand, un petit garçon de huit ans, Patrick Henry a entamé il y a près d'un mois une grève de la faim pour protester contre les rejets répétés de sa demande de libération conditionnelle. Il est hospitalisé depuis vendredi à la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne.

Déjà libéré en conditionnelle en 2001

Symbole de l'abolition de la peine de mort,  Patrick Henry avait été défendu à l'épqoue par Robert Badinter. "Allez-vous décidé de couper un homme vivant en deux?" avait demandé à l'époque le célèbre avocat. Lors du verdict prononcé en 1977, le président avait dit à Patrick Henry : "La cour a fait preuve d'une grande mansuétude à votre égard, souvenez-vous-en et soyez-en digne". Le condamné avait répondu : "Je vous remercie, vous n'aurez pas à le regretter".

En 2001, Patrick Heny obtient une première libération conditionnelle, à sa huitième demande. Il travaille alors dans une imprimerie avant d'être arrêté par la police avec 10 kilos de cannabis. Son employeur, Charles Corlet, était un militant de la réinsertion. Il n'a pas digéré la trahison de Patrick Henry. "Est-ce que c'est une tromperie ? La seule réponse que j'ai, c'est qu'il a trahi tout le monde", avait-il témoigné sur Europe 1. 

"Il a trahi tout le monde", estime Charles Corlet :

Patrick Henry est donc retourné ensuite en prison. Il totalise aujourd'hui près de 35 ans de détention. Avec sa grève de la faim, il veut savoir pourquoi ses deux dernières demandes de libération ont été rejetées. Pour sa confidente en prison, Martine, "il n'est jamais considéré comme un autre détenu". "Quoi qu'il propose, il est jugé comme Patrick Henry", estime-t-elle. Et de conclure : "Son nom fait peur".

"Il n'est jamais considéré comme un autre détenu" :

"Il n'a pas saisi sa chance"

Mais, de leur côté, les opposants à la libération de Patrick Henry estiment qu'il ne mérite plus la confiance des juges. "Quand on est face à un individu qui a commis des actes d'une telle gravité, le doute doit profiter à la société et à la victime", estime Xavier Bébin, de l'Institut pour la justice. Selon lui, Patrick Henry n'a "pas saisi sa chance". Un point de vue partagé par de nombreux magistrats.

L'avocat du détenu entend lui utiliser tous les recours possibles en se tournant vers la Cour de cassation et la Cour européenne des droits de l'Homme pour dénoncer un "traitement inhumain".