"Gilets jaunes" : 58.600 manifestants en France selon le ministère de l'Intérieur, des heurts à Paris et en régions

Incidents place de la République avec les "gilets jaunes" le 2 février (1280x640) GEORGES GOBET / AFP
À Paris, les manifestants ont souhaité mettre l'accent sur les dégâts causés par l'usage des LBD. © Zakaria ABDELKAFI / AFP
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Europe1.fr avec AFP , modifié à
Le mouvement des "gilets jaunes" connaissait samedi son douzième épisode de protestation. À Paris, 10.500 personnes ont dénoncé les "violences policières".

Le rituel est désormais immuable depuis le 17 novembre dernier. Chaque samedi, plusieurs dizaines de milliers de personnes arborant des "gilets jaunes" se sont mobilisées en France pour réclamer davantage de pouvoir d'achat et dénoncer la politique du gouvernement. En dehors des revendications traditionnelles scandées sur les ronds-points ou dans les rues de l'Hexagone depuis plus de deux mois, la journée de samedi, la douzième de mobilisation, était placée sous le signe d'un hommage aux victimes de ce mouvement sans précédent (plus d'une centaine de blessés graves selon le collectif militant "Désarmons-les" et le journaliste indépendant David Dufresne), notamment à Paris où une importante marche de "gilets jaunes" a réuni plusieurs milliers de personnes jusqu'à la place de la République, où des heurts ont éclaté.

Les trois informations essentielles :

  • 58.600 personnes étaient mobilisées en France, selon l'Intérieur, notamment pour dénoncer les "violences policières".
  • À Paris, 10.500 "gilets jaunes" ont rejoint la place de la République. Des heurts ont éclaté à l'arrivée du cortège. 
  • Des défilés ont également eu lieu un peu partout en régions. 

Un défilé hommage à Paris. Dans la capitale, plusieurs milliers de "gilets jaunes" se sont réunis en fin de matinée place Felix Éboué, dans le 12ème arrondissement. Parmi eux, Éric Drouet et Jérôme Rodrigues, deux figures connues du mouvement. Ce dernier, qui a été gravement touché à l’œil la semaine dernière par un tir de LBD ou des éclats de grenade DMP, alors qu'il filmait le rassemblement place de la Bastille, est monté sur une armoire électrique pour initier une Marseillaise parmi les manifestants. Le cortège, qui entendait rendre hommage aux blessés depuis le début du mouvement et demander l'interdiction des lanceurs de balle de défense (LBD) dans les opérations de maintien de l'ordre, s’est finalement mis en marche dans le calme en direction de la place de la République en milieu de journée.  

"Interdictions des grenades et du LBD", pouvait-on lire en lettres rouges et noires sur une grande banderole déployée par les "gilets jaunes". "On a réussi à passer à travers, c’est chaud. À chaque fois que l’on part manifester, on ne sait pas si on va revenir ou pas, même en restant à l’écart des violences", a expliqué au micro d’Europe 1 un manifestant. Beaucoup d'entre eux sont venus "déguisés" en blessés, avec notamment de faux bandages sur les yeux.

Selon les estimations du cabinet Occurence, le cortège comptait 13.800 personnes, tandis que le ministère de l'Intérieur évoque lui 10.500 manifestants dans les rues de la capitale. Au total, selon le ministère de l'Intérieur, 58.600 personnes se sont mobilisées samedi dans toute la France.

Des heurts à l'arrivée du cortège. Des heurts ont éclaté près de la place de la République, après l'arrivée du cortège, avec notamment des jets de projectile sur le boulevard Saint-Martin et sur la place de République, tandis que les forces de l'ordre ont fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes pour disperser les individus les plus remontés. Trente trois manifestants ont été interpellés dans la capitale, dont 21 personnes étaient à ce stade en garde à vue, a indiqué le parquet de Paris. L'un d'eux a été évacué par les pompiers après avoir été atteint au visage par un tir de LBD, a constaté un journaliste de l'AFP. Le président du syndicat lycéen UNL, Louis Boyard, a également affirmé sur Twitter avoir été victime d'un tir de LBD au pied. 

Selon des informations d'Europe 1, environ deux cent personnes, cagoulées de noire, possiblement des "black blocs", avaient tenté à plusieurs reprises d'investir la manifestation parisienne, mais ont été à chaque fois chassées par les "gilets jaunes".

Des heurts à Bordeaux, Toulouse et Strasbourg. À Rouen, un important cortège s’est mis en marche dès la fin de matinée à proximité du centre-ville, rapporte le site d’informations locales 76actu.

La mobilisation était en baisse à Marseille, où 2.000 "gilets jaunes" ont défilé du Vieux-Port au Vélodrome selon la police, tout comme à Montpellier, où ils n'étaient que 400 selon la police, mais plus d'un millier selon un décompte de l'AFP. A Nice, seulement 500 personnes étaient rassemblées à la gare de la ville. 

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À Toulouse, plusieurs milliers de personnes ont défilé, la plupart dans un cortège en hommage aux blessés du mouvement. Mais le rassemblement a été émaillé de face à face tendus avec les forces de l'ordre. Deux personnes ont été blessées, et quatre interpellées, a indiqué la préfecture. Dans les Pyrénées-Orientales par ailleurs, des manifestants ont coupé la circulation dans les deux sens sur l'autoroute au niveau du Perthus, à la frontière entre la France et l'Espagne, a indiqué l'opérateur Vinci. 

À Bordeaux, la mobilisation était en légère baisse, avec quelque 4.000 participants, selon une estimation de l'AFP. Mais encore une fois, la fin de la manifestation a été marquée par des violences. Visées par toutes sortes de projectiles, les forces de l'ordre ont répliqué avec des LBD tandis qu'au moins deux voitures ont été incendiées, des boutiques pillées ou vandalisées et du mobilier urbain détruit, ont constaté des journalistes de l'AFP. 17 personnes ont été interpellées. Les manifestants ont tenté de se replier sur une autre place de la ville, incendiant des barricades, mais ils ont été évacués par les gaz lacrymogènes.

Des heurts ont également éclaté à Strasbourg, près de la place Kléber et de la gare, qui a été fermée une vingtaine de minutes. Si la préfecture n'a pas communiqué de chiffres, un responsable de la communication des "gilets jaunes" a évoqué le chiffre de 8.000 personnes. Au total, à Nancy et Strasbourg, les forces de l'ordre ont procédé à 31 interpellations. Dans le Nord, à Lille, 1.400 personnes étaient présentes dans les rues du centre-ville, selon la préfecture, sans incidents.

Dix-huit interpellations à Valence. À Valence, dans la Drôme, où le président de la République s'était déplacé la semaine dernière, les autorités attendaient jusqu'à 10.000 manifestants samedi après-midi, alors qu'ils n'étaient que 700 le week-end dernier, conséquence d'un appel à une "marche régionale" rassemblant tous les "gilets jaunes" d'Auvergne-Rhône-Alpes. Résultat : l’accès à Valence était particulièrement compliqué. Les rocades avaient été coupées, les sorties d’autoroute fermées et, à chaque rond-point, les contrôles et la fouille des véhicules quasi systématique. 

Un premier rassemblement était prévu à 10 heures, place du Champs-de-Mars, mais personne ne s’est présenté aux rendez-vous. Au final, en milieu d'après midi, plus de 5.000 personnes ont manifesté dans les rues de la ville, selon la préfecture. En amont de la manifestation,18 personnes ont été interpellées, et une centaine "d'armes blanches ou par destination" (haches, sabres, couteaux, machettes, gourdins) ont été saisies. Dans le cortège, quelques projectiles ont été lancés sur les CRS, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. Quatre policiers ont été légèrement blessés, selon la préfecture. 

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À Morlaix, dans le Finistère, quatre personnes ont été interpellées, tandis que la préfecture évoque un policier blessé, et "quatre autres contusionnés". Plusieurs centaines de "gilets jaunes" s'étaient rassemblés à la mi-journée dans le centre-ville. 

Deux policiers ont également été blessés suite à des jets de projectiles à Nantes, où 1.500 personnes défilaient dans le centre-ville, a affirmé sur Twitter la police. L'un des auteurs a été interpellé. Par ailleurs, la grille d'un hôtel particulier abritant la BNP a été forcée et des poubelles incendiées dans la cour, a constaté un photographe de l'AFP, les autorités faisant état de leur côté de "plusieurs établissements bancaires dégradés".

Samedi dernier, le ministère de l'Intérieur avait dénombré sur la journée 69.000 "gilets jaunes" mobilisés dans l'ensemble du pays, en baisse par rapport aux 84.000 recensés une semaine plus tôt, un comptage contesté acte après acte par les manifestants.