EDF jugé pour avoir espionné Greenpeace

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avec AFP , modifié à
Yannick Jadot, alors employé par l’ONG, veut faire condamner des "pratiques de barbouzes".

Le procès du géant français de l’électricité EDF s'est ouvert lundi devant le tribunal correctionnel de Nanterre. EDF est accusé d’avoir espionné en 2006 Yannick Jadot, le directeur des campagnes de Greenpeace de l’époque.

Au terme de quatre ans d'instruction, le juge Thomas Cassuto estime qu'EDF a bien mandaté l'officine privée Kargus Consultants pour s'introduire en 2006 dans l'ordinateur de Yannick Jadot, aujourd'hui eurodéputé (EELV) et porte-parole d'Eva Joly.

Floyd Landis, vainqueur déchu du Tour de France 2006 après un contrôle antidopage positif, et son entraîneur Arnie Baker étaient absents à l'ouverture du procès. Egalement sur le banc des prévenus de la 15e chambre correctionnelle : EDF, deux anciens responsables de sa sécurité, un ex-militaire, et un ancien de la DGSE (service de renseignements français) travaillant pour Kargus Consultant.

EDF démasqué… suite à une affaire de dopage

Si EDF se retrouve sur le banc des prévenus, c’est surtout en raison d’un concours de circonstances. Tout commence en 2006 par une plainte du Laboratoire national du dépistage du dopage (LNDD), qui dénonce des intrusions dans son système informatique.

Très vite, les enquêteurs identifient Alain Quiros, employé par le cycliste américain Floyd Landis pour s’introduire dans le système informatique du LNDD. Mais les enquêteurs découvrent dans l’ordinateur une véritable mine de documents sur bien d’autres sujets. Et notamment des preuves d'espionnage de l'organisation écologiste Greenpeace pour le compte d’EDF.

EDF se déclare victime d’un excès de zèle

Ce pirate informatique aurait espionné Greenpeace pour le compte de la société Kargus Consultants, elle-même mandatée par EDF. EDF qui s'est toujours dit "victime" des agissements de cette officine de renseignements.

EDF assure l’avoir mandatée pour effectuer une "veille" des actions menées par les écologistes autour notamment de la construction du réacteur nucléaire EPR à Flamanville, dans la Manche. Kargus Consultants serait, selon EDF, allé au-delà de ce qui lui était demandé. Mais pour le juge, ce contrat relevait plus d'une fiction, destinée à déguiser l'intrusion en mission de veille anodine.

"Pratiques de barbouzes"

Qu’EDF ait demandé ou pas à Kargus Consultants d’espionner en toute illégalité Greenpeace, cette affaire illustre l'essor d'officines peu contrôlées et souvent prêtes à se mettre hors-la-loi.

"Il y a un vrai sentiment de colère par rapport à des pratiques de barbouzes qui ne devraient pas exister dans notre démocratie", a expliqué Yannick Jadot. "Tout l'enjeu est l'éradication de ce cancer qu'est le recours à des officines dirigées par des anciens policiers ou militaires pour espionner constamment les personnes de façon hors-la-loi", a affirmé l'avocat de Yannick Jadot, Me William Bourdon.