Drogue : Sevran s'inquiète des seringues

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avec AFP , modifié à
Plusieurs incidents en lien avec des toxicomanes ont eu lieu. Le maire en appelle au gouvernement.

Trop c'est trop. Alors que cinq seringues ont encore été découvertes mercredi à Sevran, à proximité d'écoles et de centres de loisirs, le maire de cette commune de Seine-Saint-Denis a décidé d'agir. Il a déposé une plainte et veut suspendre la distribution de seringues à des toxicomanes par une association à l'entrée de l'hôpital Ballanger d'Aulnay-sous-Bois, tout proche.

Mardi, c'est un toxicomane qui s'était "piqué" devant une école à la sortie des classe en présence d'élèves, de parents et d'enseignants, selon le maire EELV de Sevran, Stéphane Gatignon. Mercredi, cinq seringues neuves ont encore été découvertes en plusieurs endroits de la ville, rapporte Le Parisien. La semaine dernière, trois enfants s'étaient piqués avec une seringue qu'ils avaient trouvée dans la cour de leur école.

Il y a "urgence". La situation est "insupportable", dénonce le maire, Stéphane Gatignon. "Face à l'urgence", l'élu EELV "demande solennellement à la ministre de la Santé la suspension provisoire de la distribution des seringues" à Aulnay-sous-Bois. Dans sa ligne de mire, se trouvent deux larges boîtes métalliques, à l'entrée de l'hôpital Robert-Ballanger, qui permettent depuis 2008 la distribution automatisée de "kits" de deux seringues aux toxicomanes. 240 kits sont ainsi mis à disposition dans ces boîtes, qui sont souvent vidées en 48 heures. L'an dernier, près de 26.000 seringues ont ainsi été distribuées par ce biais. Dans le même temps, 350 à 500 seringues usagées sont ramassées chaque mois par les services communaux, précise Stéphane Gatignon.

Les seringues, le vrai problème ? "Le vrai problème, c'est que Sevran est un gros lieu de deal", répond Sarah, une salariée de l'association qui gère la distribution des kits. Elle se dit persuadée que si son association suspendait son action, les toxicomanes "trouveraient [leurs seringues] ailleurs". "Ils peuvent les acheter pour un euro en pharmacie !", affirme-t-elle.

Pour Jean-Louis Bara, le directeur de l'association, "ce qui nous manque, c'est une espace de  consommation", une "zone de tolérance". L'espace mis en place "pour faire moins gore" par l'association entre un mur et un local électrique, où les toxicomanes peuvent s'asseoir sur un tabouret pour s'injecter leur dose à l'abri des regards, ne suffit pas, dénonce-t-il.

Une concertation prévue. Une réunion entre les maires de Sevran et d'Aulnay, l'Agence régionale de santé (ARS), l'Education nationale, la police et les associations d'aide aux toxicomanes est prévue le 3 mai autour du préfet de Seine-Saint-Denis.