Les préservatifs feront-ils bientôt leur entrée au collège ? C'est en tout cas le souhait de Pierre Bergé, le président du Sidaction. Jeudi, il a appelé le gouvernement à prendre des mesures en ce sens : "Quand va-t-on dans les collèges, et je dis bien les collèges, et les lycées avoir des préservatifs gratuits ? Et quand va-t-on faire de vrais cours d'éducation sexuelle sur le sida ?", s'est il interrogé sur RTL.
Un système "insatisfaisant". Pour Pierre Bergé, le système actuel ne permet pas aux étudiants d'avoir accès facilement aux préservatifs. " Aujourd'hui dans certains lycées, si on en veut un, il faut aller le demander à l'infirmière. La démarche est très facile, comme vous pouvez l'imaginer", a-t-il ironisé. Le diagnostic est d'ailleurs partagé par Vincent Peillon. Le ministre de l'Education nationale a en effet reconnu que les résultats n'étaient "pas satisfaisants", et qu'il fallait "trouver le moyen de faire mieux".
Les professionnels de santé sceptiques. Pour les infirmières scolaires, cependant, généraliser les distributions gratuites aurait pour seul effet de multiplier… les bombes à eau dans les cours de récréation. "Très souvent, on retrouve les préservatifs dans la cour, transformés en ballons", raconte Martine, infirmière dans un établissement parisien, au micro d'Europe 1. Selon elle, le passage par l'infirmerie reste donc la meilleure solution. D'autant qu'il permet d'en profiter pour donner quelques informations à l'élève. "Le mode d'emploi, les lycéens ne le lisent pas", explique l'infirmière. "Cela permet de leur montrer".
Et les premiers intéressés, qu'en pensent-ils ? Pour les élèves de cinquième rencontrés par Europe 1, la proposition de Pierre Bergé semble exagérée. "Ils se doutent qu'à douze ans, on ne va pas coucher ensemble, c'est trop tôt", estime l'un d'entre eux. "On pourrait juste prévenir les élèves de se protéger s'ils le font, mais de là à en distribuer à tout le monde…" Certains envisagent même de s'en débarrasser sur-le-champ, afin d'éviter une conversation gênante avec leurs parents. Bref, bien loin de l'objectif du président du Sidaction…