Des Turcs manifestent devant l’Assemblée

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avec agences , modifié à
Ils se sont rassemblés alors que les députés examinaient le texte sur le génocide arménien.

Ils sont venus en bus de toute la France. Environ 4.000 manifestants, pour beaucoup d'origine turque, s'étaient rassemblés depuis le début de la matinée jeudi devant l’Assemblée nationale pour protester contre la proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien, qui a depuis été adoptée. Répondant à l‘appel d’associations franco-turques, les manifestants étaient entourés de doubles barrières. Un important dispositif de CRS bloquait également tous les accès à l’Assemblée nationale. Aucun incident n’a été rapporté dans l'immédiat.

Drapeaux français et turcs en main, les manifestants brandissaient leurs cartes d'identité françaises et des pancartes disant "l’histoire ne doit pas servir la politique", "le débat historique n’est pas le débat politique", ou encore "la pêche aux voix ne doit pas se faire sur l’histoire d’un pays". Sébastien Bekar, 44 ans, venu de Dreux pour manifester, juge la loi "stupide". "A partir de maintenant, on va faire du bruit", a-t-il prévenu.

"Liberté d’expression"

Un Français d’origine turque, Yildiz Hamza, a expliqué ne pas comprendre "pourquoi la France censurerait [sa] liberté d’expression". Pour une autre Française d’origine turque, juger de la vérité historique, "c’est le travail des historiens, pas des politiciens". Comme certains observateurs turcs, elle estime que "la majorité veut récupérer le vote des Arméniens juste avant les élections".

"L'Histoire, c'est les historiens, et la politique, c'est les politiciens", a expliqué à Europe 1 un manifestant, renvoyant la France à ses contradictions. "Si les politiciens veulent faire de l’Histoire, il y a beaucoup d’histoires que la France devrait assumer avant de nous imposer un génocide que nous, on ne reconnaît pas, par exemple l’Algérie.

Pendant ce temps, les députés étaient en plein examen de la proposition de loi de Valérie Boyer. Le député UMP Louis Giscard d’Estaing, qui préside la séance, a appelé au calme, souhaitant que "les débats se déroulent dans la sérénité". Le texte a finalement été adopté à une large majorité dans un hémicycle aux rangs clairsemés.