Dans un labo de prévention de la délinquance

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avec Marie Peyraube , modifié à
Le collège Courbet, à Pierrefite, teste de nouvelles manières d'encadrer les mineurs délinquants.

Le 30 juillet, à Grenoble, Nicolas Sarkozy lançait une “guerre nationale contre la délinquance qui allait durer plusieurs années“. Mais en parallèle de ce volet répressif, il a confié au secrétaire d’Etat à la Justice, Jean-Marie Bockel, la mission d’évaluer les politiques de prévention de la délinquance.

Un peu plus de deux mois plus tard, ce dernier organise les assises de prévention de la délinquance. En 20 ans, le nombre de mineurs mis en cause dans des faits de délinquance a augmenté de 118%, selon Jean-Marie Bockel. Pourtant, "là où on met en œuvre, sur le terrain, un certain nombre de réponses concrètes, on constate des baisses souvent importantes de cette délinquance", rappelle-t-il.

Parmi ces expériences innovantes menées en milieu scolaire, le collège Courbet, à Pierrefite, en région parisienne, a construit une salle isolé dans les jardins de l’établissement. Un lieu à l'écart des autres élèves, dans lequel une équipe de médiateurs et de professeurs accueille les collégiens exclus ou renvoyés.

Discuter de l’autorité

Ces derniers suivent des cours de français, de théâtre, mais aussi des débats sur l'autorité et les sanctions. Les repas collectifs à midi sont aussi l’occasion de discuter tous ensemble, un moment qui permet aux élèves de reconnaître leurs erreurs.

“Cela nous apprend à discuter sans violence“, témoigne l’un d’eux :

Ce lieu d’échange a permis de mettre fin aux batailles entre bandes rivales au sein de l’établissement, se félicite Manouchère, un comédien qui encadre les collégiens dans cette structure.

“Ils savent ce qui est bien et pas bien“, assure-t-il :

Une prévention sans moyens suffisants

Une telle politique nécessite des fonds, or l'équipe de l'Association pour la Formation, la Prévention et l'accès au droit, à l’origine de ce projet, n'est pas sûre d'obtenir l’argent nécessaire d’une année à l’autre.

Juges et éducateurs, tous s’inquiètent de la baisse des moyens, sans lesquels une politique efficace n’est pas possible. Juge des enfants à Caen, Virginie Duval y est confrontée quotidiennement.

"C'est toujours compliqué d'envoyer en détention un mineur parce qu'on n'a pas d'autres lieux de placement", déplore-t-elle :

Plusieurs organisations syndicales du monde judiciaire ont d’ailleurs regretté que ces assises sur la prévention de la délinquance juvénile soient "une opération de communication ne correspondant à aucune volonté politique d'agir".

"Le rapport préparatoire établi pour ces assises suggère, entre autres, le recours à des modes de prise en charge que la majorité gouvernementale a progressivement démantelé depuis des années, au profit de structures pénales extrêmement coûteuses", dénoncent-elles. En 2008, environ 383.000 mineurs ont été pris en charge par la justice, soit au titre de délinquant, soit en tant que mineur en danger.