Crèche clandestine : un an avec sursis

La responsable d'une crèche illégale a été condamnée mercredi à 12 mois de prison avec sursis et 12.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Marseille.
La responsable d'une crèche illégale a été condamnée mercredi à 12 mois de prison avec sursis et 12.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Marseille. © CAPTURE D'ECRAN FRANCETVINFO
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Frédéric Frangeul avec Nathalie Chevance et agences , modifié à
La gérante a écopé de douze mois de prison avec sursis et d’une amende pour "travail dissimulé".

Sa crèche illégale avait été fermée après une opération de police en juin dernier à Marseille. Une femme de 59 ans a été condamnée mercredi à 12 mois de prison avec sursis et 12.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Marseille.

Monique Monarcha, qui se faisait appelée "Tatie Monique", était poursuivie devant le tribunal correctionnel pour "travail dissimulé", "création sans autorisation d'un établissement de service d'accueil d'enfants de moins de six ans" et "non-respect des obligations de contrôle et de conformité d'établissements recevant du public".

"Je n'ai pas de RSA, je n'ai pas de boulot. L'avenir ? Je ne sais pas", a confié Monique Monarcha au micro d'Europe 1. "Il y a quand même un soulagement de se dire qu'on est pas madame Thénardier mais quelqu'un qui a gardé des enfants à un prix très abordable".

Elle se présentait comme une ancienne infirmière

Dans un appartement du centre-ville de Marseille de 50 m², disposant d'une petite cour intérieure, avaient été installés huit lits et sept transats. Monique Monarcha y gardait depuis 2008 de 15 à 25 enfants âgés de six mois à trois ans, pour 17 euros par jour et par famille.

Cette crèche clandestine proposait ses services par le bouche à oreille, la gérante se présentant comme "une ancienne infirmière", bien qu'elle n'ait pas achevé sa formation. Elle affirmait en outre aux parents travailler avec l'aide de deux assistantes agréées, alors qu'elles ne l'étaient pas. "Je voulais un truc qui soit simple pour tout le monde mais dans la légalité le plus possible", a expliqué Monique Monarcha à Europe 1 .

La défense juge la peine "sévère"

En plus des douze mois de prison avec sursis et de l'amende 12.000 euros, Monique Monarcha a écopé mercredi d'une contravention de 1.000 euros au titre du "non-respect des obligations de contrôle et de conformité pour les établissement recevant du public".

"La peine est sévère au regard de la bonne foi" de Monique Monarcha, a réagi son avocat, Me Christophe Pinel. Selon lui, la justice s'attaquait aux conséquences d'un problème, "le déficit existant pour la garde des jeunes enfants" à Marseille, au lieu de s'interroger sur ses causes. Il a précisé que sa cliente, qui n'était pas présente au tribunal, allait réfléchir à la possibilité d'un appel. Elle n'attend désormais qu'une chose, pouvoir à nouveau s'occuper d'enfant, en toute légalité.

"Cela existe dans toutes les grandes villes"

Reste que la situation de cette crèche clandestine n’est pas un cas isolé et illustre les difficultés croissantes de nombreux pour trouver des nounous pour leurs enfants. Dominique Bertinotti, la ministre du Travail, en convient elle-même : "On ne peut pas se satisfaire de la situation actuelle", a-t-elle confié dans un entretien au Parisien mercredi. Avant d’ajouter : "il manque des places".

Le 5 novembre prochain, la responsable d'une seconde crèche illégale, fermée en juillet dans le centre-ville de Marseille, sera jugée devant le même tribunal. Elle est aussi accusée d'avoir gardé, elle aussi sans agrément, jusqu'à 14 enfants dans son appartement de 140 m² situé sur la Canebière.

"Ce ne sont ni les premières, ni encore moins les dernières crèches clandestines. Cela existe dans toutes les grandes villes mais à Marseille, il y en a plein la ville", avait réagi une adjointe du maire socialiste du 1er secteur Patrick Mennucci, à la suite du démantèlement de ces deux structures.