Courroye ne sera pas procureur de Paris

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Nicolas Sarkozy aurait renoncé à faire nommer celui qui est l’un de ses proches au poste occupé par Jean-Claude Marin, selon Le Monde.

Nicolas Sarkozy a finalement écouté les voix qui l’appelaient à la prudence. Le chef de l’Etat aurait en effet renoncé à nommer l’un de ses proches, Philippe Courroye, au poste très exposé de procureur de Paris, selon des informations du Monde confirmées par une source judiciaire. Jean-Claude Marin reste donc à la tête du plus important parquet de France, où se jugent bien souvent les affaires les plus sensibles du pays.

Ces derniers mois, Philippe Courroye a eu tendance à devenir gênant. Sa nomination en tant que procureur général de Nanterre, en 2007, avait déjà soulevé quelques indignations. Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) avait d’ailleurs émis un avis défavorable à cette nomination, notamment pour le manque d’expérience du magistrat. Les syndicats étaient également montés au créneau pour dénoncer une nomination politique, Nanterre ayant, entre autres, la charge du dossier sensible des emplois fictifs du RPR. L’Elysée avait décidé de passer outre.

Depuis, le magistrat n’a rien fait pour redorer son image. On l’a ainsi vu à Saint-Tropez dîner avec le couple Chirac alors même que l’ancien président de la République était visé par une enquête instruite… à Nanterre. Il a également invité à déjeuner en janvier 2009 Jean-Charles Naouri, le P-DG de Casino, son avocat, Me Paul Lombard, et Patrick Hefner, patron de la brigade financière alors chargée d’une enquête menée suite à une plainte… du groupe Casino à l’encontre d’un ancien concurrent. Le mélange des genres, révélé en mai 2009 par le Canard enchaîné, avait là aussi fait jaser.

Plus récemment encore, au début du mois de décembre, Philippe Courroye s’est sèchement accroché avec Isabelle Prévost-Desprez, présidente de chambre du tribunal de Nanterre. L’ancien juge financier avait accusé sa contradictrice de "manquements graves", ce qui lui avait valu une convocation par Chantal Arens, la présidente du tribunal de Nanterre. Là encore, nombre de magistrats avaient pesté contre ce qu’ils considéraient être une atteinte à l’indépendance des juges du siège.

Pout toutes ces raisons, la nomination de Philippe Courroye à Paris aurait sans doute reçu un nouvel avis défavorable du CSM. Or, soucieux de mener à bien la réforme de la justice, comprenant notamment la suppression du juge d’instruction, l’Elysée a décidé de ménager l’instance, et de ne plus passer outre ses avis. Philippe Courroye attendra.