Corse : un notable abattu à Ajaccio

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avec AFP , modifié à
Jean-Luc Chiappini, tué jeudi, était le président du Parc naturel régional et maire de Letia.

L'INFO. Jean-Luc Chiappini, 65 ans, président du Parc naturel régional de la Corse (PNRC) et maire de Letia, en Corse-du-Sud, a été tué par balles jeudi, à Ajaccio. Depuis le début de l'année,  il s'agit du dixième homicide commis sur l'Ile de Beauté.

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Tué sur la route de l'aéroport.  Jean-Luc Chiappini a été tué par balles au volant de sa voiture, peu après 13 heures, lors d'un guet-apens sur la voie rapide reliant l'aéroport Napoléon-Bonaparte, à Campo Dell'Oro, au centre d'Ajaccio, à moins de dix kilomètres. En se rendant sur place, le maire d'Ajaccio, Simon Renucci, a indiqué que la victime revenait d'un déplacement à Paris. Les deux édiles avaient voyagé dans le même avion et s'étaient salués à l'aéroport.

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Selon les premiers éléments de l'enquête, Jean-Luc Chiappini a été la cible de trois coups de feu tirés par le passager d'un T-Max, un scooter de forte cylindrée. Alors que le deux-roues a pris la fuite, le véhicule de la victime a effectué une embardée et percuté d'autres voitures, sans faire de victime, avant de finir sa course sous les grilles de l'Institut consulaire de formation.

Toutes les pistes envisagées. Pour l'heure, tout n'est que mystère dans cette enquête, comme le confie Valérie Tavernier, procureur d'Ajaccio, au micro d'Europe 1."Toutes les pistes sont possibles et imaginables. On va intéresser à l'homme, à son emploi du temps, à son environnement, à tout son travail et ses activités habituelles", assure-t-elle. "On débute vraiment donc tout ce que je peux vous dire c'est : un T-Max, trois détonations, une personne décédée et un mystère à élucider", conclut la magistrate. Toutes les pistes sont donc envisagées par les enquêteurs, du réglement de comptes d'ordre politique à celui d'ordre privé. La police judiciaire d'Ajaccio a été chargée de l'enquête. Elle cherchera notamment à savoir si Jean-Luc Chiappini était menacé.

Élu "de terrain" depuis 1977. Maire depuis 1977 du village de Letia, récemment réélu à la présidence du PNRC, un poste qu'il occupait depuis 1995, cet élu de terrain était également président de la communauté de communes de son canton et avait été candidat (libéral) aux élections territoriales. Jean-Luc Chiappini était donc un homme respecté, un élu "intègre" comme le décrivent ses proches, très loin du milieu du grand banditisme.

Mais son poste de président du PNRC, une zone protégée qui couvre près de 40% de l'île de Beauté, suscitait de nombreuses convoitises. Les enjeux financiers sont énormes et la gestion de Jean-Luc Chiappini ne faisait pas l'unamité. Récemment, le cour régionale des comptes avait épinglé le parc sur plusieurs dysfonctionnements. Selon les informations d'Europe 1, la victime a été entendue récemment par la police judiciaire. D'après une source proche du dossier, il avait témoigné dans le cadre d'une affaire financière.

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La consternation. "Aujourd’hui, c’est un élu qui est tombé sous les balles des tueurs (...) Le ministre de l’Intérieur condamne fermement cet acte et assure que tous les moyens seront mis en œuvre pour interpeller les auteurs et les déférer devant la Justice", a commenté Manuel Valls dans un communiqué, parlant d'un "lâche assassinat". 

Dans le même temps, le président de l'Assemblée de Corse, Dominique Bucchini, a annoncé sur le champ la suspension d'une session présentée comme "historique", portant sur la co-officialité de langue corse. Ce débat qui devait se tenir jusqu'à vendredi soir, visait à donner à la langue corse le même statut qu'à la langue française. "Jean-Luc avait été membre de l'Assemblée de Corse. Devant la gravité de cet acte, il est impossible de continuer à délibérer dans ces conditions. Notre session est donc annulé. Je vais naturellement lever la séance et vous demander pour Jean-Luc d'observer une minute de silence.

Une des zones les plus criminogène d'Europe. Avec cette mort, il s'agit du troisième assassinat de notable à Ajaccio en à peine plus de six mois, après celui de l'ancien bâtonnier de l'ordre des avocats Antoine Sollacaro, le 16 octobre dernier, et la mort du président de la Chambre de commerce et d'industrie de Corse-du-Sud Jacques Nacer, le 15 novembre.

  En 2012, 19 homicides et 16 tentatives ont été commis dans l'île. Alors que la plupart des affaires n'y sont pas élucidées, la Corse est devenue l'une des zones les plus criminogènes d'Europe. Pour tenter d'enrayer cette spirale criminelle, généralement liée au grand banditisme, le gouvernement avait annoncé en novembre une série de mesures.