Corbeil-Essonnes : Dassault convoqué jeudi chez les juges

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avec AFP
Le sénateur UMP pourrait être mis en examen dans le cadre de l'enquête sur un système d'achats de voix présumé dans la ville de l'Essonne.

L'INFO. Le sénateur UMP Serge Dassault pourrait être mis en examen jeudi par les juges d'instruction qui, selon des sources proches du dossier, l'ont convoqué dans leur enquête sur un système d'achats de voix dans sa ville de Corbeil-Essonnes. L'avionneur a déjà été placé en garde à vue les 18 et 19 février dans ce dossier. Jusqu'à présent, s'il a reconnu des dons, il a toujours réfuté un quelconque lien avec de la corruption électorale lors des municipales de 2008, 2009 et 2010, les trois scrutins qui intéressent les juges Serge Tournaire et Guillaume Daïeff.

Déjà cinq mis en examen. Le propriétaire du groupe d'aéronautique de défense, qui figure parmi les plus grandes fortunes françaises, a été maire de la ville de 1995 à 2009, année où un scrutin avait été annulé par le Conseil d'Etat pour des achats de vote. Dans la foulée, son bras droit Jean-Pierre Bechter avait été élu à la mairie. Candidat à sa réélection lors des municipales fin mars, avec Serge Dassault en 43e position sur sa liste, Jean-Pierre Bechter a été mis en examen par les juges, comme quatre autres protagonistes : l'une de ses adjointes, Cristela de Oliveira, un cadre local de l'UMP, Jacques Lebigre, et deux intermédiaires présumés du système, Younès Bounouara et Mamadou Kébé.

Sept millions d’euros pour orienter les votes ? Les juges ont réuni plusieurs éléments depuis l'ouverture de l'information judiciaire il y a un an. Ils enquêtent sur sept millions d'euros qui auraient pu atterrir entre les mains d'intermédiaires, notamment via des fonds venant du Liban. Ils disposent du témoignage de Mamadou Kébé, mis en examen le 20 février, et qui a décrit dans Le Monde un système structuré mis en place pour démarcher les électeurs. Victime fin janvier 2013 d'une tentative d'assassinat à Corbeil-Essonnes, qu'il soupçonne d'être liée à des disputes autour de la rémunération d'intermédiaires, un autre homme, Rachid Toumi, a livré un témoignage similaire, évoquant des promesses d'argent, de logements ou d'emplois aux électeurs, selon une source proche du dossier.

Un listing détaillé de ces "aides financières". Les magistrats ont aussi mis la main en juin 2013, lors d'une perquisition dans une résidence de Serge Dassault à Corbeil-Essonnes, sur une liste de bénéficiaires possibles des achats de voix, avec les mentions "payé" et "non payé". Selon Libération, qui en a révélé le contenu, y figurent 130 noms et des commentaires sur la nature des dons : sommes d'argent, financement d'un permis de conduire, contrat aidé à la mairie etc... Serge Dassault a répliqué par une plainte contre Libération. "Ces aides financières ont toujours été déconnectées de quelque élection que ce soit, et accordées sans aucune contrepartie", a assuré son avocat, Me Pierre Haïk.

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