Condamné pour avoir humilié et violenté un ouvrier noir

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avec AFP

Injures racistes, coups, brimades : un chef de chantier de Haute-Vienne a été condamné vendredi par le tribunal correctionnel de Limoges à un an de prison avec sursis pour avoir, pendant deux ans, humilié et frappé, parfois avec une rare violence, l'un de ses ouvriers d'origine africaine. Le prévenu devra en outre verser à la victime 6.000 EUR de dommages et intérêts et 500 EUR de préjudice esthétique. Egalement parties civiles, SOS Racisme recevra 1.000 EUR et la CPAM, 1.500 EUR en dédommagement des sommes avancées pour la prise en charge médicale de la victime. Lors de l'audience, le 13 septembre, le parquet avait requis 18 mois, dont douze ferme, à l'encontre de Victor B., ce chef d'équipe de 39 ans, d'origine portugaise, qui comparaissait pour des faits de harcèlement et de violences physiques d'une grande brutalité à l'encontre de l'un de ses subalternes.

A la barre, Séraphin M., 48 ans, colosse à l'élocution vacillante d'une quarantaine d'années, avait détaillé les nombreux sévices, tant physiques que moraux, endurés pendant les deux ans, entre 2005 et 2007, passés dans cette entreprise du bâtiment : sanglotant, il avait énuméré les brimades, injures raciales, humiliations et coups de massette (sorte de petite masse utilisée par les maçons), infligés par son chef, sur des chantiers en Haute-Vienne. Ce dernier avait nié ces accusations, reconnaissant tout au plus qu'il pouvait être un chef d'équipe "dur", "perfectionniste" et "exigeant". Des propos mis à mal par plusieurs ouvriers de cette même entreprise, collègues directs de la victime venus témoigner à la barre : "bon à rien", "macaque", "singe"...

Un jour, le prévenu, qui l'obligeait "à gratter les joints ou à manipuler de la chaux sans gants", lui avait même "versé de la chaux sur la tête", selon deux collègues. L'enquête a également mis en évidence que Séraphin avait aussi reçu des coups de truelle, des coups dans les testicules, des jets de pierres et des projections d'acide dilué. Au bout de deux ans, la victime avait fini par raconter son calvaire quotidien à son épouse. L'expertise psychiatrique a mis en évidence une personnalité passive, "capable de supporter les situations difficiles par crainte de déplaire". Du reste, plusieurs entretiens avec SOS racisme et son avocate, Me Nathalie Préguimbeau, ont été nécessaires pour le convaincre d'aller en justice.