Comment se défend le patron de PIP ?

Jean-Claude Mas, 72 ans
Jean-Claude Mas, 72 ans © REUTERS
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avec agences , modifié à
L'avocat de Jean-Claude Mas indique que son client n'a jamais été charcutier, ni en fuite.

Les porteuses de prothèses mammaires PIP réclament des explications de la part du fabricant. Alors que les cas de cancer du sein de femmes portant ces implants se sont multipliés, le fondateur de PIP, Jean-Claude Mas, ne s'est encore jamais exprimé. A défaut, son avocat, Yves Haddad, réplique point par point aux attaques concernant son client.

Il n'est pas charcutier. Patrick Baraf, un chirurgien plastique officiant à Paris, avait accusé le fondateur de PIP d'avoir été auparavant charcutier. Faux, rétorque l'avocat de Jean-Claude Mas. "Monsieur Mas, s'il avait été charcutier, il l'aurait dit. Il n'était pas charcutier", a assuré mercredi sur Europe 1 l'avocat. Son client n'a jamais été non plus négociant en vins.

Diplôme universitaire d'études scientifiques (ancêtre du Deug) en poche, Jean-Claude Mas a d'abord travaillé une dizaine d'années comme délégué médical de la société Brystol-Myers, raconte son avocat. Puis il rencontra dans les années 70 un chirurgien esthétique de Toulon parmi les premiers à mettre au point en France des prothèses mammaires, à base de sérum physiologique. En 1991, Jean-Claude Mas fonde alors sa société de prothèses mammaires : Poly Implants Prothèses ou PIP.

Il n'est pas en fuite. "Monsieur Mas n'est pas plus charcutier qu'il n'est en fuite", a tenu à préciser Me Haddad. "Il habite à 20km de Toulon. Il est chez lui et a été opéré au cours d'une intervention extrêmement grave", a expliqué son avocat, alors que son client était accusé d'être en fuite. "La gendarmerie sait très bien où il est", assure Me Haddad. En effet, des doutes ont pu survenir, alors que Jean-Claude Mas fait l'objet d'un mandat d'arrêt international d'Interpol dans une autre affaire. 

Pourquoi il ne parle pas. "Il ne parle pas par respect pour ces femmes en souffrance", a indiqué Yves Haddad pour expliquer le silence de son client dans cette affaire. "Il a toujours dit qu'il parlerait devant les juges car la justice ne se fait pas devant les caméras", a ajouté son avocat. Avant de préciser que son client avait été entendu par deux fois par la gendarmerie de Marseille (en novembre 2010 et en octobre 2011), sans pour autant qu'une procédure judiciaire soit engagée à son encontre.

Quel était le gel des prothèses ? Yves Haddad reconnaît que l'un des gels utilisés pour les prothèses était un gel PIP de fabrication artisanale, cinq fois moins cher pour l'entreprise confrontée depuis le milieu des années 2000 à des difficultés financières et une forte concurrence. D'après l'avocat, ce gel PIP n'était pas un "produit industriel" mais "un gel alimentaire acheté sur le marché français, qui remplissait les mêmes caractéristiques chimiques que le produit Nusil". "PIP savait qu'il n'était pas en conformité mais ce n'était pas un produit nocif", a défendu l'avocat de Jean-Claude Mas.

Par ailleurs, l'avocat précise qu'il existait un service qualité au sein de l'entreprise qui employait 20 salariés dont un cadre scientifique. Une entreprise allemande, la société Tüv, certifiait en outre la qualité des produits.

La visite de l'agence sanitaire américaine. L'avocat admet qu'en 2000 un représentant de la FDA était venu dans le Var "pour attirer l'attention de PIP" sur certains problèmes. Mais le problème alors n'était pas celui du gel, mais "la solidité de la poche, une tendance à la rupture", avance Me Haddad. A la suite de cette inspection, PIP n'avait plus été autorisé à vendre aux Etats-Unis.

Le rôle des chirurgiens et de l'Afssaps. L'avocat de Jean-Claude Mas tente de reporter au moins en partie la responsabilité de son client sur les professionnels de santé.  "Ce sont quand même les chirurgiens qui ont implanté ces prothèses mammaires dans le corps des femmes", a-t-il souligné. "Chaque citoyen a l'obligation de révéler à l'autorité s'il y a un quelconque danger", rappelle l'avocat. Or, "qu'a fait l'Afssaps depuis 20 ans ?", s'interroge l'avocat.