Cinq mois ferme pour la nounou violente

Elodie a été jugée lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Lille.
Elodie a été jugée lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Lille. © GOOGLE STREET VIEW
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Plana Radenovic et Baptiste Desgardin , modifié à
Elodie, 23 ans, comparaissait devant le tribunal correctionnel de Lille pour maltraitance.

La nourrice accusée de maltraitances sur un enfant a été condamnée à 24 mois de prison, dont cinq ferme, par le tribunal correctionnel de Lille. La jeune femme de 23 ans, sans casier judiciaire, était accusée de graves maltraitances sur un bébé, âgé de 18 mois au moment des faits. Elle avait été placée en détention provisoire le 21 juin dernier.

Un verdict plus sévère que la demande du parquet

Le tribunal s'est montré plus sévère que l'avocat général qui avait requis 24 mois de prison dont quatre ferme. La peine est assortie d'une mise à l'épreuve de trois ans, d'une obligation de soins psychologiques et d'une interdiction d'exercer une activité en rapport avec les enfants pendant une durée de sept ans. La nourrice, qui a déjà fait un mois et demi de détention provisoire, a été placée sous mandat de dépôt.

"J'espérais que ma cliente puisse sortir dès ce soir. Elle est effondrée de devoir retourner en prison", a déclaré Me Emilie Dewaele, avocate de la nourrice. Les parents de l'enfant, qui n'ont pas souhaité s'exprimer, ont simplement fait savoir par leur avocate qu'ils étaient "soulagés que l'audience ait eu lieu".

Le bébé avait changé de comportement

La baby-sitter avait été recrutée en janvier 2010 par une famille de Wambrechies, près de Lille, comptant cinq enfants, avec pour mission exclusive de s’occuper du petit dernier, rappelle le quotidien régional La Voix du Nord. Au début, tout semble bien se passer : "Elle nous demande[ait] même des nouvelles par SMS les jours où elle ne travaille[ait] pas", se souvient Karine, la mère.

Mais très vite, le couple a de sérieux soupçons. A l’appui, le changement de comportement du bébé. "Depuis cinq mois, c'était l'enfer à la maison", indique Karine. "Et nous, on mettait ça sur le caractère difficile du petit dernier : ça ira mieux quand il parlera." Mais les autres enfants du couple avaient assuré avoir été témoins de la violence de la nounou.

Le bébé bousculé, giflé, ligoté

Les parents ont alors décidé de filmer Elodie à son insu, avec des mini-caméras cachées, l’une dans les plis d‘un rideau, l’autre posée sur un meuble. La mère s’attendait "à de la négligence, de la flemme", mais c’est un spectacle d’horreur qui s’est déroulé devant ses yeux. Le film, qui ne couvre pas toute la journée, montre l'enfant bousculé, giflé dans son lit, ligoté à l'aide de bandanas et d'un paréo. La frêle nounou, à la voix d’ordinaire douce, est méconnaissable.

Son avocate avait évoqué le 21 juin un "pétage de plombs", et avait assuré que sa cliente était "saturée, hyperstressée", car elle cumulait deux emplois. "Elle enchaînait avec un contrat de 12h par semaine au McDo, elle a accumulé beaucoup de fatigue", détaille l'avocate au micro d'Europe 1. Mais le procureur, qui avait été suivi par la cour, avait réclamé la détention provisoire, insistant sur la "violence maîtrisée, froide, réfléchie" de l’accusée telle qu’elle apparaît sur les vidéos. Elodie encourt jusqu'à cinq ans de prison.