Cinq idées reçues sur le ramadan

© MAXPPP
  • Copié
, modifié à
Le mois de jeûne de la religion musulmane est l'objet de nombreux fantasmes.

Interdiction de se doucher, d'avaler sa salive, de se parfumer, de faire du sport… les idées reçues sur le ramadan ne manquent pas. Alors que 3,5 millions de musulmans de France ont commencé vendredi à l'aube le mois de jeûne du ramadan, Europe1.fr fait le point sur l'un des cinq piliers de la religion musulmane.

C'est physiquement éprouvant. "Beaucoup de personnes se disent qu'elles ne pourraient pas tenir, que c'est presque impossible à faire. Mais le corps s'adapte merveilleusement bien, à condition de manger correctement", constate Fateh Kimouche, fondateur d'Al-Kanz.org, un site d’informations pour les consommateurs musulmans, interrogé par Europe1.fr.

"Ce n'est pas dangereux si l'on respecte les règles d'inversion du cycle alimentaire. Pour rétablir un ramadan équilibré, il faut une alimentation saine. Les personnes qui jeûnent doivent ainsi manger deux repas dans la nuit : un plus copieux au couché du soleil et un à l'aube suffisamment riche pour tenir toute la journée. Il faut également boire un litre d'eau pendant la nuit", recommande Dr Serog, nutritionniste à Paris, contacté par Europe1.fr.

Selon ce spécialiste, le corps a besoin de deux trois jours pour s'adapter à un inversement de cycle alimentaire. "Après ces quelques jours d'adaptation, les personnes qui jeûnent ne sont pas forcément fatiguée. Au contraire, certaines confient avoir une pêche d'enfer", assure le blogueur Fateh Kimouche.

Le ramadan fait maigrir. "Le ramadan consiste à éviter tout excès et à retrouver un rythme de vie plus sain. Dans l'idée, le ramadan est censé faire maigrir, mais on constate tout l'inverse. Les repas pendant le jeûne s'apparentent à des véritables festins. Sauf que le ramadan ne doit pas être un repas de Noël, ça doit au contraire être frugal, sans excès", indique Fateh Kimouche.

Le Dr Serog constate en effet que les personnes faisant le ramadan ont tendance à grossir. "C'est assimilé à une période de fête, les repas sont donc très gras et sucrés. Car ce qui fait véritablement grossir, ce n'est pas le changement de rythme alimentaire mais bien la nature des aliments", insiste le nutritionniste.

Interdiction d'avaler sa salive. Un verset coranique indique qu'il est interdit d'ingurgiter tout aliment ou toute boisson de l'aube au coucher du soleil. "Mangez et buvez jusqu’au moment où vous pourrez distinguer un fil blanc d’un fil noir, à la pointe de l’aube. À partir de cet instant, observez une abstinence totale jusqu’à la tombée de la nuit", peut-on lire dans le Coran.

Mais cette règle ne s'applique évidemment pas à la salive. "Toutefois, certains musulmans prennent des précautions importantes pour éviter d'ingurgiter quoi que ce soit. Ils ne vont pas à la piscine et évitent de prendre rendez-vous chez le dentiste, par exemple", rapporte Fateh Kimouche.

Les musulmans sont obligés de faire le ramadan. "Tous les musulmans doivent le pratiquer, sauf les enfants, les malades, les femmes enceintes, les voyageurs, les personnes âgées si cela constitue un danger pour leur vie ou la vie d'autrui", précise Chakil Omarjee, du centre islamique de la Réunion, interrogé par Europe1.fr.

"Mais beaucoup de femmes enceintes font le ramadan car elles estiment qu'elles ne mettent pas en danger leur santé ou celle de l'enfant", constate le blogueur Fateh Kimouche. Par ailleurs, les femmes qui ont leurs règles ne font pas le ramadan et ne prient pas pendant leurs menstruations.

Toute personne qui ne fait pas le ramadan doit rattraper ces jours de jeûne dans l'année ou payer deux repas aux pauvres par jour. Ainsi, les diabétiques qui ne peuvent pas faire le ramadan doivent payer au total 60 repas.

Le ramadan est un événement festif. Contrairement aux idées reçues, le ramadan a pour but de s'abstenir des choses qui sont autorisées tout au long de l'année pour revenir à un mode de vie plus simple. "C'est tout le paradoxe, on en a fait un événement festif alors que le but est de s'éloigner des plaisirs superficiels", résume le blogueur Fateh Kimouche.

Et à Chakil Omarjee de conclure. "Dans la pratique du ramadan, le culte et la culture sont diamétralement opposés. D'un point de vue religieux, le ramadan est un cheminement sprituel, d'un point de vue culturel, cela s'apparente à une fête. Mais le côté festif se fait parfois au détriment de l'aspect spirituel."