Ces idées (toujours) fausses sur le sida

21% des Franciliens continuent de croire, à tort, que le virus du sida peut se transmettre par une piqûre de moustique
21% des Franciliens continuent de croire, à tort, que le virus du sida peut se transmettre par une piqûre de moustique © MAXPPP
  • Copié
, modifié à
Le sida est moins craint qu'avant mais quelques incompréhensions demeurent.

Le sida se banalise, même si certaines idées fausses ont la vie dure. D'après la dernière enquête sur le VIH conduite en Ile-de-France par l'Observatoire régional de santé, seuls 27% des Franciliens déclarent craindre "beaucoup ou pas mal le sida". En revanche, certaines croyances sur les modes de contamination perdurent. Europe1.fr fait le point sur les principales idées fausses avec un spécialiste du sida, pour mieux les contredire.

Non, les moustiques ne contaminent pas. Encore 21% des Franciliens interrogés continuent de croire que le virus du sida peut se transmettre par une piqûre de moustique, 13% dans des toilettes publiques et 6% en buvant dans le verre d'une personne contaminée. Des taux qui sont relativement stables par rapport à l'enquête similaire conduite en 2004.

Pourtant, aucune personne n'a jamais été contaminée par les toilettes ou en buvant un verre d'eau. Et pour cause. Le virus ne se retrouve que dans certains liquides corporels : sperme, sang, sécrétion vaginale et lait maternel. "Le virus a besoin de certains lymphocytes pour survivre qui ne sont présents ni dans la salive, ni dans la sueur", rappelle ainsi Michel Bourrelly, volontaire national à l'association de lutte contre le sida Aides.

Ni dans les toilettes publiques, ni dans un verre d'eau

En ce qui concerne le moustique, il ne pique généralement qu'une seule personne jusqu'à saturation pour ensuite recracher une sorte de venin. Un venin qui n'est pas en contact avec le sang aspiré. "Il n'y a pas de possible injection du virus ensuite à une autre personne. De nombreuses études, notamment en Afrique, l'ont démontré", insiste Michel Bourrelly. A ce jour, aucun cas de contamination à cause d'un moustique n'a en effet jamais été détecté.

Le préservatif, ça fonctionne. Si plus de 99% des Franciliens savent que le VIH peut être transmis lors de rapports sexuels sans préservatif, de nombreuses personnes doutent encore de l'efficacité absolue du préservatif. 25,6% des Franciliens interrogés pensent ainsi que "le VIH peut se transmettre lors de rapports sexuels avec préservatif", contre 17,1% lors de la précédente enquête en 2004. Un chiffre en forte augmentation depuis la première enquête en 1994.

Le préservatif ne laisse pourtant passer ni le sperme ni le virus. "Le seul risque qu'il peut y avoir, c'est qu'il éclate", insiste Michel Bourrelly. Or, cela n'arrive jamais quand le préservatif est bien utilisé : avec du gel, en gardant un espace "réservoir" au bout du préservatif et en le conservant dans de bonnes conditions à l'abri de l'humidité et de la chaleur.

Le dépistage obligatoire, une fausse bonne idée. Effectuer des tests obligatoires est souvent vu comme la solution miracle pour éradiquer l'épidémie, en particulier chez les jeunes. Ainsi, la moitié des Franciliens de 18-30 ans sont favorables au dépistage obligatoire pour toute la population en 2010. Ils sont aussi 44,2% à l'être dans l'ensemble de la population en Ile-de-France.

Pourtant, les experts sont formels, ce n'est pas une solution satisfaisante. "Le dépistage n'est valable que pour la période allant jusqu'à un mois avant le test", précise Michel Bourrelly. "Un dépistage global est une fausse protection", ajoute-t-il. Certaines personnes pourraient ainsi être testées séronégatives, alors qu'elles sont contaminées par le virus depuis moins d'un mois, et avoir ensuite des rapports non protégés avec d'autres personnes.

"L'autre risque en testant la France entière, c'est que les personnes les plus à risque soient tentées de s'y soustraire", prévient aussi Michel Bourrelly. D'après le volontaire national à Aides, il vaudrait mieux renforcer le dépistage sur les populations à risques.

La force de la trithérapie

L'épidémie n'est pas terminée. Pour Michel Bourrelly, au-delà de ce sondage, d'autres idées fausses circulent fortement en ce moment comme "le sida c'est fini".

Le nombre de contaminations continue de progresser en Europe en 2010 mais, avec plus de moyens et une collaboration internationale, le début de la fin du sida pourrait effectivement avoir lieu "dès 2015" selon Guillaume Grosso, président pour la France de l'association internationale One.

Le sida, on en meurt moins. "Sur les 89% de séropositifs sous trithérapie en France, 87% voient leur traitement fonctionner",  précise Michel Bourrelly. Les séropositifs sont donc de mieux en mieux pris en charge et vivent de plus en plus longtemps.

*Enquête sur les connaissances, attitudes, croyances et comportements face au VIH, conduite par l'Observatoire régional de santé et réalisée entre janvier et juillet 2010, auprès de 2.781 personnes vivant en Ile-de-France.