Centrale nucléaire cherche 4.000 cocottes-minutes

Le  Centre de recherche nucléaire de Valduc du Commissariat à l'énergie atomique recherche 4.000 cocotes minutes.
Le Centre de recherche nucléaire de Valduc du Commissariat à l'énergie atomique recherche 4.000 cocotes minutes. © MaxPPP
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G.S. , modifié à
Un Centre de recherche nucléaire a passé un appel d'offres pour trouver de quoi transporter des "matériaux sensibles".

L'annonce. Une cocotte-minute peut avoir des vertus insoupçonnées. C'est en tout cas ce que démontre un bien curieux appel d'offres, consultable sur Internet, passé par le  Centre de recherche nucléaire de Valduc du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et repéré mercredi par France info. Ce dernier a commandé pas moins de 4.000 "autocuiseurs en acier inoxydable", destinés au transport de "matériaux sensibles".

Cocote minute

© Capture d'écran Seb.fr

Les critères. Le Centre en question est à la recherche de cocottes de choc, qui devront garantir "un niveau de sûreté et de confinement parfaitement maîtrisés". Ces cocottes devront ainsi être spacieuses, avec une fermeture solide et une résistance à la chute optimale. "Le confinement devra être assuré par un couvercle dont la fermeture sera assurée poignée rotative manœuvrant un étrier pour comprimer le joint, le volume utile de ces conteneurs sera de 17 litres environ, avec de fortes contraintes sur le respect de la géométrie et des dimensions intérieures et extérieures (y compris les poignées latérales), la résistance du conteneur sera telle que le confinement du couple 'contenant et contenu' soit assuré à l'issue d'une chute", détaille l'appel d'offres.

Qu'est-ce que c'est, le Centre de recherche du Viaduc ? Il s'agit d'une installation nucléaire très secrète, couverte par le secret-défense, basée l'abri des regards, à Is-sur-Tille, en Côte-d'Or. C'est notamment là que sont fabriquées les têtes nucléaires de l'arsenal militaire français.

Faut-il s'inquiéter ?  Contacté par France Info, le CEA n'a pas encore précisé quels étaient les "matériaux sensibles". "On nous présente Valduc comme un site high-tech, on n'imagine pas un site comme ça chercher de vulgaires cocottes minutes... Donc la question c'est pour quoi faire ?", s'inquiète l'un des porte-parole du Cedra, collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs, interrogé par la radio. Il faut dire que cocottes-minutes de 17 litres, cela signifie 68.000 litres de "matériaux" à transporter. S'il s'agit, donc, de  déchets nucléaires potentiellement destructeurs pour l'environnement, on peut s'inquiéter d'un mode de transport si rustique.

À tort, assurent pourtant les spécialistes. "On peut fabriquer des contenants de radioprotection mais qui coûteront une fortune, et qui ne seront pas mieux que l'autocuiseur qu'on trouve dans le commerce. Tous les établissements nucléaires font ça dans le monde entier", indique Alain Houpert, président de la Seiva, l'association indépendante chargée d'évaluer l'impact de la base sur l'environnement. Egalement contacté par la radio, un délégué syndical de l'entreprise SEB, spécialisée dans les autocuiseurs, assure même avoir déjà vendu des milliers de cocottes à l'industrie nucléaire. Et cela fait 37 ans que ça dure.