Carlos face à Bruguière, "l’ennemi intime"

L'ancien juge d'instruction Jean-Louis Bruguière, à la retraite depuis 2007, a eu davantage à en découdre avec les trois avocats de la défense.
L'ancien juge d'instruction Jean-Louis Bruguière, à la retraite depuis 2007, a eu davantage à en découdre avec les trois avocats de la défense. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Aux tirades grandiloquentes, Carlos a misé vendredi sur des questions précises avec l’ex juge Bruguière.

Face à l'ex-juge Jean-Louis Bruguière, présenté comme son ennemi intime, le "révolutionnaire" Carlos a laissé de côté vendredi ses discours incendiaires au profit d'un échange pointu, "entre professionnels", devant la cour d'assises spéciale de Paris.

"Ils parlent entre professionnels" 

Après les cinq heures d’audition de l’ex juge antiterroriste Bruguière, Illich Ramirez Sanchez, alias Carlos, 62 ans est apparu moins énervé. Fini les qualificatifs de "cocaïnomane", "malade", "agent ennemi" dont il qualifiait Jean-Louis Bruguière, 68 ans, depuis le début de son procès. Place à des questions extrêmement pointues de l'accusé qui soulève de nombreux points de détails sur la procédure. Non sans accès de véhémence, mais sans agressivité à l'égard du juge qui a instruit son dossier durant 17 ans.

"Ils parlent entre professionnels", s'excuse presque Me Isabelle Coutant-Peyre, l'une des avocates de Carlos. Le hors sujet n'est jamais loin. "C'est le cousin germain de la mère de ma belle-mère", s'éparpille Ilich Ramirez Sanchez, régulièrement recadré par le président Olivier Leurent : "On a déjà fait le tour de la question ... Vous avez déjà expliqué tout ça ... On l'a déjà dit".

Bruguière face aux avocats de la défense

L'ancien juge d'instruction, à la retraite depuis 2007, a eu davantage à en découdre avec les trois avocats de la défense. Face à eux, il a dû se justifier de n'avoir négligé aucune pistes, interrogé un témoin "fantôme", versé des pièces "illégales" à sa longue enquête sur les quatre attentats imputés à Carlos.  

"Vous avez une fâcheuse tendance à occulter des pièces qui ne vont pas dans le sens de votre instruction", lui a reproché Me Francis Vuillemin. "Allez au bout de la question, a répliqué Jean-Louis Bruguière, assurant n'avoir "jamais occulté de pièces et de documents dont (il) n'avait pas connaissance". "Vous avez refusé d'entendre Chirac et d'interroger les services de la SNCF sur les réservations", faites dans "Le Capitole", le train Paris-Toulouse, où une bombe a fait 5 morts en 1982.  

Carlos et sa défense affirment que l'attentat visait Jacques Chirac, habitué de ce train et alors maire de Paris. "La cible Chirac n'est pas avérée, a assuré l'ancien juge, assurant avoir vérifié les réservations en question.

Un interrogatoire "aveugle" en Jordanie

Autre grief des avocat à l'encontre de l'ex juge : s'être rendu en Jordanie pour assister à l'interrogatoire "aveugle" d'Ali Al Issawi, suspecté d'être l'auteur de plusieurs attentats. "Je répète que nous n'avons pas eu le droit de voir son visage", car il s'agissait d'une exigence des autorités jordaniennes, s'est justifié Jean-Louis Bruguière à propos de ce témoin qualifié de "fantôme" par la défense. Ali Al Issawi, en fuite, est jugé par défaut devant les assises. 

Comme lors de sa première audition devant la cour, mercredi, Jean-Louis Bruguière a dû se justifier d'avoir utilisé comme charges contre Carlos des documents, issus d'archives de la Stasi, sujets à caution selon la défense. "J'ai cherché à recouper le plus possible les informations relatives aux faits dont j'étais saisi".