Cancer : l'ablation des seins, un recours exceptionnel

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Thomas Morel , modifié à
Zoom sur cette solution "extrême" choisie notamment par Angelina Jolie pour se prémunir contre le risque de cancer du sein.

C'est une solution difficile mais courageuse qu'a choisie Angelina Jolie. En choisissant de se faire retirer les deux seins à titre préventif, la star hollywoodienne, atteinte par une mutation génétique, a choisi la solution la plus radicale dans le traitement préventif du cancer du sein.

>> Europe1.fr vous explique en quoi consiste ce traitement.

Les causes. Si Angelina Jolie a dû subir une telle opération, c'est parce qu'elle est porteuse d'une mutation génétique qui la rend plus exposée au cancer du sein. Ce risque accru concerne deux mutations identifiées à ce jour : celles du gène BRCA1, celui de l'actrice, et du gène BCRA2. A 70 ans, la probabilité d'avoir eu un cancer du sein est de l'ordre de 70% chez les premières et de 50% chez les secondes, alors que pour les autres femmes, il est seulement de 10 %.

Et ce n'est pas tout : ces deux mutations génétiques ont également une influence sur le cancer de l'ovaire. Le risque est de 40 % pour les porteuses du gène BCRA1 et de 10 à 20 % pour celles qui ont le gène BCRA2.

Pour détecter cette mutation, les laboratoires proposent un test de dépistage. Seul problème, son coût est extrêmement élevé : il coûte environ 2.000 euros. En France, il est remboursé pour les femmes à risque, c'est-à-dire celles dont la famille a des antécédents de cancer du sein ou de l'ovaire. Les autres, en revanche, n'ont que peu de chance de pouvoir en bénéficier.

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Le traitement. Plus un cancer est détecté tôt, plus il est facile à traiter. C'est pourquoi les médecins recommandent généralement la plus grande prudence aux porteuses de ces mutations génétiques, en leur proposant au minimum un dépistage très régulier. Une solution choisie par la majorité des Françaises, les seules autres options étant l'ablation des seins ou des ovaires à titre préventif. La "surveillance rapprochée" consiste en trois examens annuels, une IRM (imagerie par résonance magnétique), une mammographie et une échographie, à partir de 30 ans.

L'opération des seins. Angelina Jolie, elle, a préféré la double mastectomie. Cette opération est beaucoup plus efficace, puisqu'elle permet de réduire de 90 % le risque de cancer. En France, cependant, seules 5 % des femmes optent pour la mastectomie, alors qu'aux Etats-Unis, plus de 40 % des femmes y ont recours. "Opter pour une ablation préventive des seins est une décision déchirante pour des femmes comme Angelina, mais nous savons que c'est un moyen essentiel de sauver des vies", relève Delyth Morgan, la responsable de la campagne britannique sur le cancer du sein. Dans les faits, l'opération consiste à retirer la totalité du sein en laissant la peau, avant de le reconstruire avec des implants.

L'ablation des ovaires. C'est l'autre possibilité, recommandée par les autorités de santé. Le cancer de l'ovaire est en effet beaucoup plus difficile à détecter. En France, 30 à 40 % des femmes choisissent cette solution plutôt que la mastectomie. "C'est une intervention nettement mieux tolérée par les femmes", relève le Dr Olivier Caron, responsable des consultations d'oncogénétique à l'Hôpital Gustave-Roussy  à Villejuif, près de Paris. Selon lui, en opérant les ovaires avant la ménopause, le risque de cancer du sein pourrait être réduit de moitié chez les femmes prédisposées.