Canaries : des Français restent bloqués

© Mathieu Valette
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Jean-Sébastien Soldaïni et C.B , modifié à
Les passagers, dont le vol a eu 26 heures de retard, pointent du doigt l'état d'ébriété du pilote.

Nuit mouvementée pour des touristes français bloqués vendredi à l'aéroport de Lanzarote, dans l'archipel espagnol des Canaries. Les 163 passagers, dont huit enfants et un bébé, sont arrivés samedi à Paris avec 26 heures de retard. Deux versions s'affrontent pour expliquer ce couac.

"Il est bourré"

Officiellement, les touristes ont dû débarquer en raison du retard de l'équipage et de l'annulation du vol pour cause de fermeture de l'aéroport, ont indiqué les autorités aéroportuaires espagnoles et l'organisateur du voyage, Thalasso numéro 1. "L'avion est arrivé en retard et n'a pas pu partir", abonde une responsable des opérations de l'aéroport de Lanzarote.

Mais côté passagers, la version est toute autre. "Lorsque le pilote a fait une annonce pour dire qu'on allait décoller, tout le monde a été d'accord pour dire qu'il était en état d'ébriété totale", affirme Delfim Paiva, un passager.

"Au niveau de la voix, on avait l'impression que c'était Gainsbourg. Ma fille a tout de suite dit : 'il est bourré'. Moi, la première fois, je n'ai pas fait attention. Mais à la deuxième annonce qu'il a fait, je me suis dit : 'effectivement, il est ivre'. On a commencé à être un peu agressifs, on a fait peur aux hôtesses, donc ils ont ouvert les portes, ils nous ont fait sortir sur le tarmac", raconte Michelle, une vacancière interrogée par Europe 1.

La nuit sur les tapis à bagages

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Finalement, passagers et membres de l'équipage ont été escortés hors de l'appareil par les hommes de la garde civile. "Nous avons proposé l'hôtel pour tout le monde mais certaines personnes ont dormi dans le terminal car elles n'avaient pas confiance et préféraient rester là pour être sûres de ne pas rater l'avion", a déclaré la responsable de Thalasso numéro 1.

Si certains passagers ont opté pour une nuit à l'hôtel, d'autres ont effectivement préféré dormir sur les tapis à bagages de l'aérogare. "On dormait par terre, sur les serviettes de plage, on avait récupéré nos bagages, on faisait un peu comme chez nous", confie une passagère au micro d'Europe 1. "On a dormi à même le sol. Et je ne vous dit pas les Espagnols quand ils sont arrivés : 'c'est quoi ces clodos' ?'", raconte Michelle.

Le pilote "simplement épuisé"

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Après cette nuit mouvementée, la plupart des passagers sont remontés. D'autant plus qu'aucun membre de la compagnie n'est venu les accueillir. De son côté, la compagnie affirme que son pilote n'était pas saoul, mais simplement épuisé par un trop grand nombre d'heures de vol.

"Mais le site Voyageprivé.com qui nous avait vendu le voyage a confirmé que les hôtesses avaient refusé de prendre le vol avec le pilote car il était en état d'ébriété", affirme un passager. Faux, rétorque Alain Nizard, représentant en France d'Enter Air. Au contraire, selon la compagnie, ce sont des passagers "qui étaient ivres à bord". "A tel point que le pilote et l'équipage ont dû être protégés en sortant parce qu'il y a des types qui ont commencé à jeter des bouteilles sur des hôtesses", affirme Alain Nizard. "On est en plein délire", renchérit la responsable de Thalasso numéro 1.