Campagne de Balladur : Bazire et Mongin mis en examen

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avec agences , modifié à
Le PDG de la RATP et le n°2 de LVMH, deux proches de Balladur, sont poursuivis.

L'info. Le PDG de la RATP, Pierre Mongin, a été mis en examen jeudi pour détournement de fonds publics dans le cadre de l'enquête sur le financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. Pierre Mongin, chef de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon à l'époque des faits qui lui sont reprochés, a annoncé qu'il déposerait un recours contre cette mise en examen devant la chambre de l'instruction. Nicolas Bazire, l'ancien directeur de cabinet de Balladur et aujourd'hui numéro 2 du groupe LVMH, a lui aussi été mis en examen jeudi, pour "complicité de détournement de fonds publics".

Des fonds spéciaux à Matignon. Les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger le Loire, chargés du volet financier de l'enquête sur l'attentat de Karachi, qui a tué onze Français au Pakistan en 2002, ont obtenu mi-juillet un réquisitoire supplétif pour enquêter sur d'éventuels "détournements de fonds publics" lors de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. Ils soupçonnent en effet un détournement des fonds spéciaux de Matignon pour alimenter cette campagne à la suite du témoignage, dans ce sens, de l'ancien trésorier de campagne d'Edouard Balladur, René Galy-Dejean.

"3 millions de francs en petites coupures". René Galy-Dejean avait affirmé fin 2012 aux juges que Pierre Mongin lui aurait remis "trois millions de francs en petites coupures" au lendemain du premier tour de la présidentielle. Depuis le début des investigations, Pierre Mongin réfute toute participation à la campagne électorale d'Edouard Balladur. S'il a confirmé qu'il était, de par sa fonction, en charge des fonds spéciaux, il en réfute tout détournement occulte. "Mon client a répété que la fable que raconte Galy-Dejean n'a jamais existé", a insisté Me Baratelli, rappelant qu'une procédure pour faux témoignage et subornation de témoins avait été engagée par son client contre l'ancien trésorier.

Un "statut dérogatoire". Pour contester la mise en examen de son client, l'avocat souligne que les fonds spéciaux étaient régis par un "statut dérogatoire" datant de 1946 au moment des faits. Mis à disposition des ministères par Matignon, jusqu'à ce que Lionel Jospin ne mette un terme à cette pratique, leur utilisation ne donnait pas lieu à justification.

Des "rétrocommissions" dans le viseur. Outre ce financement occulte via des fonds publics, les juges soupçonnent l'équipe de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole, d'avoir bénéficié de "rétrocommissions" issues de ventes d'armes. L'homme d'affaires Ziad Takieddine a affirmé aux magistrats avoir reversé à des proches de l'ancien Premier ministre une partie des sommes perçues en marge de la vente, fin 1994, de sous-marins au Pakistan et de frégates à l'Arabie saoudite. Il a réitéré ses accusations les 5 et 8 juillet lors de confrontations avec deux proches d'Edouard Balladur durant la campagne, Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, conseiller de Nicolas Sarkozy au ministère du Budget de 1993 à 1995.

Bazire à nouveau entendu. Nicolas Bazire, déjà poursuivi pour recel et complicité d'abus de biens sociaux, pour ce qui est des soupçons de rétrocommissions sur les contrats d'armement, a de nouveau été entendu jeudi. L'ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur est ressorti du bureau des juges avec une nouvelle mise en examen pour "complicité de détournement de fonds publics".