Bientôt plus de rats aux Baumettes

© Grégoire Korganow
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Un rapport officiel a dénoncé au début du mois l'insalubrité de la prison marseillaise.

L’information. Le Conseil d'Etat a ordonné samedi la mise en oeuvre d'une "opération d'envergure" de dératisation et de désinsectisation de la prison des Baumettes, à Marseille, dans un délai de dix jours, a annoncé la plus haute juridiction administrative.

Quel est le problème ? Saisi par l'Observatoire international des prisons (OIP) et d'autres organisations, le Conseil d'Etat a relevé que "la carence de l'administration dans l'entretien de la prison avait porté une atteinte grave et manifestement illégale" aux libertés fondamentales des détenus. Il préconise la réalisation "dans un délai de 10 jours d'un diagnostic des prestations de lutte contre les animaux nuisibles (...) qui devra prévoir des interventions préventives et curatives" et "dans l'intervalle, d'une opération d'envergure susceptible de permettre la dératisation et la désinsectisation de l'ensemble des locaux" du centre pénitentiaire.

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La réaction des syndicats… "Je suis mitigé et partagé", a expliqué Benoît Vandermaesen, délégué du Syndicat de la magistrature. "C'est une grande victoire pour les détenus et les droits de l'Homme en général, mais on a un peu le sentiment que le Conseil d'Etat s'est satisfait des promesses de l'administration pénitentiaire", a-t-il ajouté. "C'est décevant, mais je suis partagé", a reconnu de son côté Me Philippe Chaudon, avocat marseillais et président de la commission des droits de l'Homme au Conseil national des barreaux.

… et des personnels. Pour eux non plus, la décision du Conseil d'Etat ne vient pas tout résoudre: "Il faut rattraper en quelques semaines des choses qui n'ont pas été faites pendant des années", a souligné David Cucchietti, secrétaire local de la CGT. "Tout ça, on le demande et on le dénonce depuis des années", a répété le syndicaliste, "et là, d'un coup, on se réveille et il faut faire les choses en urgence, en mettant la pression sur les personnels".

Pas la première intervention de la justice. Le 14 décembre, le tribunal administratif de Marseille avait déjà sommé l'administration pénitentiaire d'agir aux Baumettes, demandant que chaque cellule soit dotée d'un éclairage, que les détritus soient enlevés et que les repas ne soient plus entreposés à même le sol ni près des bennes à ordures. Ces injonctions avaient été jugées insuffisantes par l'OIP, qui avait fait appel devant le Conseil d'Etat. L'OIP demandait également de vérifier l'équipement électrique des cellules afin de prévenir les risques d'incendie et d'électrocution ou encore d'assurer un accès à l'eau potable dans les cellules.