Bientôt moins d'attente aux urgences ?

La ministre de la Santé et des Affaires sociales Marisol Touraine a annoncé vendredi un dispositif visant à mieux gérer les lits à l'hôpital, afin de désengorger les urgences, dans 150 établissements.
La ministre de la Santé et des Affaires sociales Marisol Touraine a annoncé vendredi un dispositif visant à mieux gérer les lits à l'hôpital, afin de désengorger les urgences, dans 150 établissements. © MaxPPP
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avec AFP , modifié à
Marisol Touraine a annoncé un plan pour désengorger les urgences de 150 hôpitaux.

L'annonce. Comment désengorger les urgences et réduire l'attente interminable de certains patients en hôpital ? En gérant mieux les lits, répond Marisol Touraine. La ministre de la Santé a annoncé vendredi un dispositif pour150 établissements. "J'ai fait la proposition de créer des postes de gestionnaires de lits d'aval, c'est-à-dire concrètement, des gens qui trouvent des services qui vont accueillir les malades des urgences", a promis la ministre devant la presse, à l'issue d'une visite à l'hôpital Saint-Joseph de Paris (XIVe).

Le diagnostic : "un manque d'organisation". La question des lits d'aval est un problème récurrent aux urgences et nombre d'urgentistes se plaignent de ne pas pouvoir trouver de place pour leurs patients à l'issue de leur passage dans ce service. La situation dans les services d'urgences "n'est pas satisfaisante. Nous voyons tous trop souvent des brancards dans les couloirs, du personnel qui est débordé" mais "le problème des urgences, c'est (...) surtout des questions d'organisation", a souligné la ministre.

C'est quoi, un "service de gestion des lits d'aval ? Ces services, à l'image de celui créé en 2012 à l'hôpital Saint-Joseph composé de quatre personnes, orientent les patients après leur passage aux urgences et recensent les places disponibles pour les accueillir, en fonction des entrées et des sorties. En clair, par une connaissance des lits disponibles, ces "bed manager" (managers de lits) permettent aux médecins et infirmiers d'éviter de perdre leur temps à chercher des lits.

Et c'est utile et efficace ? Interrogée par Europe1, Sonia Nordey, la gestionnaire des "flux de patients" de l'hôpital de Pontoise, dit mesurer particulièrement son efficacité au moment de Noël ou à l'occasion des diverses alertes au froid. Les soignantes rencontrées par Europe1 au service des urgences de l'hôpital de Pontoise jugent évident le bénéfice pour les patients, avec notamment une prise en charge plus rapide : "on a une info rapide à leur donner (…), les urgences ne sont plus un lieu d'hospitalisation", expliquent-elles.

Mais d'autres voient avant tout dans l'émergence de ces "bed managers" une astuce pour gérer la pénurie de lits… sans en installer de nouveaux. Or, selon Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) interrogé par Le Monde : "ce n'est pas qu'une question d'organisation, c'est une question de moyens. Nous manquons de lits de médecine polyvalente. Sans lits, les "bed managers" seront confrontés à une problématique insoluble".

Quand seront-ils généralisés ? "Dans les quelques semaines qui viennent", seront précisés "les services d'urgences dans lesquels il sera prioritaire d'engager ces travaux", a précisé la ministre, selon laquelle "le déploiement commencera très rapidement et sera achevé d'ici 18 mois au plus tard".

Va-t-il y avoir des créations de poste ? La multiplication des services de gestion de lit nécessitera de développer le nouveau métier de "gestionnaire de lits", a souligné la ministre dans une premier temps. Avant d'ajouter : "nous verrons au cas par cas si des (créations de) postes doivent être envisagées ou (si) des réorganisations (...) sont la voie la mieux adaptée". Interrogée sur le coût de ces nouveaux services, la ministre a estimé que celui-ci allait "être maîtrisé : il sera variable selon les établissements et surtout, nous pensons que puisqu'il y aura une meilleure organisation de l'ensemble de l'hôpital, les économies qui seront faites d'un côté permettront de financer les investissements nécessaires".