Bientôt la fin des paillotes corses ?

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avec AFP , modifié à
Le préfet de Corse-du-Sud doit annoncer mardi la destruction de ces structures "avant avril".

Pas question de faire machine arrière. Le préfet de Corse-du-Sud, qui avait sommé les propriétaires de cinq paillotes de les démonter avant le 15 janvier, doit annoncé la destruction de ces structures "avant avril prochain".

En l'absence d'accord avec les propriétaires des paillotes, les procédures de démolition doivent être lancées dès mardi, a annoncé le secrétaire général des services de l'État, Éric Maire. Le même jour, l'administration des finances publiques doit ouvrir une procédure pour saisir les meubles ou le fonds de commerce des ces structures qui doivent près de 916.000 euros à l'État.

Pourquoi détruire ces paillotes ? Depuis 2006, l'État a engagé des poursuites contre ces exploitants qui violent la loi en maintenant leurs établissements sans autorisation et de manière permanente sur le domaine public maritime, un principe défini en 1681 par Jean-Baptiste Colbert, ministre de la Marine de Louis XIV.

Ces pour ces raisons qu'en novembre dernier un premier établissement a été détruit. L'ancien restaurant Les Tamaris, situé sur la commune de Porticcio Grossetto-Prugna, occupait en effet illégalement le domaine public maritime.

Les propriétaires des paillotes ne lâchent rien. Le collectif de défense des établissements de plage en Corse a répété dimanche sa volonté de ne pas plier face à l'ultimatum de la préfecture. "Nous refusons de céder à l'ultimatum de l'État. Qui peut dire où s'arrête le domaine public maritime sachant qu'il fluctue au fil des ans en raison des conditions météorologiques ?", interroge Me Stéphane Recchi, l'avocat de ce collectif créé il y a près de six ans pour sauver les paillotes situées sur la commune de Coti-Chiavari, sur la rive sud d'Ajaccio.

Les paillotiers ont des "amis". Me Stéphane Racchi a rappelé par ailleurs que ces établissements créent des emplois, de la richesse. Les paillotiers viennent ainsi de recevoir le soutien de l'Umih, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie. "On est en pleine crise économique: évitons de détruire des emplois et gouvernons avec du bon sens", indique son vice-président, Gérard Jodineau, interrogé par Le Figaro.

Le comité régional des pêches de Corse a également apporté son soutien aux propriétaires des paillotes. "Ces établissements achètent 40 %, voire, 60 % de la production des pêcheurs. On est donc à leurs côtés", rapporte Xavier d'Orazio, responsable de la prud'homie des pêcheurs d'Ajaccio.

Une décision politique ? Pour le collectif de défense des établissements de plage, ces mises en demeure sont donc avant tout politiques, à un moment où le gouvernement souhaite se redonner une virginité en Corse après la vague récente d'assassinats et d'attentats. "Valls s'en prend à ces structures pour faire croire que l'autorité de l'État va être rétablie en Corse, alors que 100 meurtres restent non élucidés", déplore Ange Astrié, le président du collectif des paillotiers.

Pour défendre sa cause, il cite l'exemple des cités balnéaires de Saint-Tropez ou Pampelonne, où des solutions juridiques ont été mises en place pour permettre l'installation de paillotes durant toute l'année.