Bébé secoué : deux ans pour la nounou

© MAXPPP
  • Copié
avec agences , modifié à
Une nounou de 51 ans a été condamnée pour avoir causé la mort d’un bébé en le secouant.

Les cris de Louan l'exaspéraient. Son assistante maternelle l'a secouée pour faire taire ses pleurs. Elle a été condamnée mardi à cinq ans de prison, dont trois avec sursis à l'issue de son procès aux assises de Loire-Atlantique, à Nantes. L'accusée a été placée sous mandat de dépôt et elle a en outre définitivement l'interdiction d'exercer une activité en contact avec les enfants.

Le procureur avait requis mardi "trois à quatre ans de prison ferme". Compte tenu de l'acte commis qui a été "très très violent" et de "l'attitude" de l'accusée, qui a toujours nié les faits, l'avocat général Jacques Noguellou avait requis "trois à quatre ans d'emprisonnement ferme". "J'ai exclu tout sursis avec mise à l'épreuve, qui serait complètement sans signification dans l'attitude de déni qui est la sienne", a-t-il expliqué.

"Vous n’étiez pas faite pour ce métier"

Le drame s'est déroulé le 18 avril 2008. A l'heure du déjeuner, la nounou s'est précipitée chez ses voisins pour prévenir les secours car Louan, qu'elle gardait pour la troisième fois, n'allait pas bien. Hospitalisé dans un état neurologique "très perturbé", le bébé est décédé le 13 mai 2006, près d'un mois après son admission. Les analyses pratiquées par les médecins légistes ont conclu à un décès "des suites d'un traumatisme causé par un secouage violent".

L'avocat général s'en était également pris aux services sociaux, qui avaient délivré l’agrément à l’accusée. "A l'époque des faits, on était plus tatillon pour donner l'autorisation de s'occuper d'oiseaux exotiques que pour s'occuper d'un bébé", a ajouté l'avocat général, stigmatisant la formation de seulement trois heures qui était délivrée aux assistantes. "Je ne vous accable pas : vous n'étiez pas faite pour ce métier", a-t-il lancé à l'accusée, par ailleurs mère de trois enfants.

"C’est peut-être elle, mais peut-être pas"

La défense avait de son côté plaidé le bénéfice du doute. "Doit-on prendre le risque de condamner un innocent ? Non!", a, de son côté, conclu Me Fathi Benbrahim. "Nous avons la certitude que la datation du traumatisme", avant ou après que le bébé ait été confié à la nourrice, "n'est pas possible", avait-il souligné. "C'est peut-être elle, mais ce n'est peut-être pas", a-t-il ajouté. A l'époque des faits, les parents avaient été placés en garde à vue comme la nourrice mais leur responsabilité a été écartée par les enquêteurs.

Et c’est l’accusée qui avait clôt les débats. "Je l'ai pas secouée. Je lui ai pas fait de mal à cette petite. Je suis désolée autant pour elle que pour ses parents. J'ai ma conscience. Je sais que je ne l'ai pas secouée", avait-elle répété d'une voix faible. Le verdict est attendu mercredi en fin de journée.