Aux urgences hospitalières, "on devient de vrais bourreaux"

Corinne Bergeron, chef de service aux urgences
Corinne Bergeron, chef de service aux urgences © DR
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Elodie HUCHARD , modifié à
VOTRE CHOIX D'ACTU DU 30 SEPTEMBRE- Un chef de service des urgences témoigne sur Europe 1 de ses difficultés.

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>>> Lundi 30 septembre, vous avez été 58% à faire "Votre choix d’actu" sur l'organisation des services d’urgence. Corinne Bergeron, chef de service aux urgences du Centre hospitalier de Villeneuve Saint-Georges, était lundi matin au ministère de la Santé pour remettre un rapport à la ministre Marisol Touraine, sur la réorganisation des services d’urgence. Elle a témoigné dans Europe midi  des difficultés de son métier au quotidien.

Chaque année, 18 millions de personnes passent par les urgences. Et contrairement aux idées reçues, il est très rare, selon elle, que des patients se présentent "pour rien".

Le problème du manque de lits. Les services d’urgence étant passés de 900 à 650 sur le territoire national, cela conduit inévitablement à une saturation des hôpitaux. "On a du mal à rester humain quand on brasse 100.000 personnes par an" confie Corinne Bergeron. Manque de personnel, manque de moyens, et des services désorganisés qui fonctionnent tant bien que mal.

Elle évoque aussi le problème de la population vieillissante, qui a besoin de toujours plus de lits dans les hôpitaux. Un chef de service passe environ un tiers de son temps à chercher des lits pour ses patients, temps qu’il ne consacre donc pas à leur guérison.

Quelles solutions ? Selon Corinne Bergeron, le développement de la chirurgie ambulatoire ou des hôpitaux de jour ne changera rien. Il faudrait, dit-elle, impulser une réforme plus profonde autour de trois points : plus d’effectifs, une architecture adéquate et une meilleure organisation. Les urgences sont souvent la partie émergée de l’iceberg et cachent en réalité une profonde incohérence entre les services et l’administration, la direction.

Les risques. La chef du service des urgences de Villeneuve-Saint-Georges le reconnaît, avec la saturation, le taux d’erreur médicale augmente. De même, les patients en "hospitalisation brancard", qui sont stationnés dans les couloirs, voient souvent leur état empirer en raison de leur condition de soin et leur taux de mortalité grimper.

Corinne Bergeron, bien que passionnée par son métier, avoue qu’elle est passée proche de la démission l’année dernière. Elle n’a pas voulu abandonner ses équipes, mais, cette année encore, le budget de son service a été revu à la baisse. Elle pense de nouveau à raccrocher sa blouse : "On devient de vrais bourreaux avec les gens"