Apprendre à être heureux, c'est possible ?

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Noémi Marois , modifié à
HEUREUX - Le bonheur se cultive, paraît-il. Plus facile à dire qu'à faire ? En cette journée internationale du bonheur, Europe 1 vous éclaire sur la question. 

Certains le vivent sans s'en rendre compte, d'autres l'imaginent à défaut de le connaître. Rien de plus indéfinissable et d'insaisissable que le bonheur. Alors qu'a lieu vendredi la journée internationale du bonheur, beaucoup croient détenir sa recette pour voir la vie en rose : avoir de l'argent, s'épanouir dans sa vie professionnelle, vivre au soleil, trouver l'amour et savoir le garder. Mais pour le professeur Michel Lejoyeux, psychiatre à l'hôpital Bichat de Paris, il n'existe pas un seul mode d'emploi du bonheur. Sa raison ? Le bonheur dépend d'abord d'une bonne connaissance de soi. 

Tout est une question … d'état d'esprit. Pour être heureux un jour, "il faut s'attendre à l'être", résume Michel Lejoyeux. Autrement dit, "il ne faut pas se moquer de l'optimisme, penser que c'est une idée absurde mais plutôt l'adopter en se disant 'je suis capable d'être heureux un jour'", explique-t-il. Voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide, en quelque sorte. C'est ce que ce spécialiste appelle "la profession auto-réalisatrice". Et de comparer cette attitude aux économistes qui prédisent que la Bourse va s'effondrer. "Elle finit en effet par s'effondrer", avance le psychiatre car la croyance est en quelque sorte contagieuse. 

Petit bémol cependant, pour se croire disposé au bonheur, il faut plutôt une bonne estime de soi ? "Oui", admet le professeur Lejoyeux.

On ne solde pas son passé. "On ne peut pas être dépendant de son passé", estime Michel Lejoyeux. Une des marches à franchir pour cultiver son bonheur est donc de bien le connaître. Les relations avec ses parents, avec ses frères et sœurs durant son enfance font partie des thèmes à ne pas occulter. La politique de l'autruche n'est donc pas la solution ? Non, affirme le spécialiste, "le vide absolu du passé ne fonctionne pas".

Détecter ses mauvaises habitudes. Une autre manière de cultiver son bonheur est de savoir mettre fin à ses mauvaises habitudes. "Toutes les relations pathologiques sont à écarter", explique Michel Lejoyeux. Il propose ainsi de travailler sur ses défauts. Le comportement du colérique ou du jaloux par exemple mène difficilement au bonheur.

Celui qui est addictologue en plus d'être psychiatre énumère aussi les autres obstacles au bonheur : le tabac, l'alcool et la drogue. Car "pour être heureux, il faut être en bonne santé", juge-t-il. Mais fumer une cigarette et boire une bonne bière ne sont-ils pas aussi des petits bonheurs du quotidien ? "Sur le long terme, non car fumer peut donner le cancer, pas vraiment compatible avec le bonheur", avance le Pr Lejoyeux.

Le téléphone tue le moment présent. Si l'introspection est déterminante dans l'accès au bonheur, il faut aussi savoir profiter des bonheurs du quotidien, explique le psychiatre. Concrètement ? Vivre pleinement "ce que nous vivons". Cela peut-être "un rendez-vous familial, amical ou amoureux". Mais pour profiter pleinement du moment présent, il est indispensable, selon Michel Lejoyeux, de "débrancher son ordinateur et son téléphone qui empêchent de vivre le moment présent en le polluant". 

Le professeur Michel Lejoyeux est l'auteur des 5 clefs du comportement, construire soi-même son optimisme chez Le livre de poche.

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