Algues vertes : "nous servons de cobayes"

Des agriculteurs jouent au foot sur la plage de Morieux, normalement fermée au public. © MAXPPP
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Céline Masfrand avec AFP , modifié à

Des agriculteurs ont décidé vendredi de jouer au football sur une plage pourtant interdite.

Pour montrer à tous l’innocuité des algues vertes, près de 400 agriculteurs se sont rassemblés vendredi sur la plage de Morieux, dans les Côtes d’Armor, non pas pour nettoyer cette plage qui est normalement fermée en raison de la toxicité des algues vertes, mais pour jouer au foot.

Une opération de communication, plutôt ludique, même si le combat des agriculteurs, lui, est bel et bien sérieux. Objet de leur grogne ? Protester contre la mise en cause de la profession dans la polémique sur les algues vertes et, surtout, prouver qu’elles ne sont pas toxiques. Les écologistes établissent un lien direct entre la présence d’algues vertes et les nitrates rejetés par l’agriculture intensive, notamment avec l’élevage de cochons.

Défendre la profession

La plage de Morieux est fermée au public depuis les premières morts suspectes de 36 sangliers dans l’estuaire du Gouessant début juillet. Les analyses, effectuées à la demande du ministère de l’Environnement, ont mis en évidence le rôle de l’hydrogène sulfuré dégagé par les algues vertes en décomposition dans la mort des sangliers. Et, c’est justement cette implication que contestent les agriculteurs.

Pour réagir, ils ont voulu mettre en place "une action symbolique et pacifiste, pour montrer à tous que l’on peut s’amuser en toute sécurité sur les plages bretonnes", explique Didier Lucas, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA). Les agriculteurs veulent attendre les résultats définitifs "avant de jeter l’opprobre sur toute la profession". "Nous servons de cobayes et vous voyez, on est en pleine forme", a plaisanté Nicolas Morfoisse, producteur de lait et administrateur local de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, à l’origine de l’initiative.

"Personne ne conteste qu’il y a des algues"

"Personne ne conteste qu’il y a des algues, et ce n’est pas nouveau. Ce qu’on conteste, ce sont les conclusions" au sujet de leurs causes et de leur nocivité, a indiqué Nicolas Morfoisse, en pointant notamment les "phosphates" ménagers et les "rejets" de stations d’épurations qui ne sont pas aux normes. "Les agriculteurs font beaucoup [pour réduire les émissions de nitrates], mais il faut du temps pour que cela produise des effets", a-t-il souligné.

Mais le ministère de l’Environnement, quant à lui, a choisi d’opter pour le principe de précaution. Nathalie Kosciusko-Morizet a prévenu cette semaine "qu’aucune plage où les algues vertes ne peuvent être ramassées toutes les 24 heures ne doit être fréquentée". Sur la plage de Morieux, plusieurs sympathisants, ou juste quelques curieux, ont pourtant osé prêter un œil –ou un pied- à cette drôle de mobilisation.