Affaire Lambert : d'autres familles dans l'angoisse

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avec Noémie Schulz , modifié à
JUSTICE - Le Conseil d'Etat se prononce vendredi sur la décision de maintenir en vie Vincent Lambert, un tétraplégique en état végétatif. D'autres familles s'inquiètent. 

Le Conseil d'Etat se penche de nouveau sur le cas de Vincent Lambert. Cet homme, âgé de 38 ans, dans un état végétatif depuis 6 ans et sans espoir de voir s'améliorer son état de santé. Ses médecins et sa femme pensent qu'il faut arrêter ses soins et le laisser mourir. Une décision contestée en justice par ses parents. Après plusieurs rebondissements, 17 membres du Conseil d'Etat se réunissaient jeudi, à 9 heures, pour statuer sur la situation de Vincent Lambert. Le rapporteur public s'est prononcé en faveur d'une nouvelle expertise médicale. Selon lui, cette expertise permettrait au Conseil d'Etat de "prendre la meilleure décision". Une décision très attendue et ce au-delà du cercle familial et médical. Les familles d'autres patients pauci-relationnels, s'inquiètent en effet des conséquences que pourrait avoir la décision du Conseil d'Etat.

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Les autres patients pauci-relationnels eux aussi débranchés ? Depuis un mois, l'Union nationale des associations de famille de traumatisés crâniens (UNAFTC) a reçu des dizaines d'appels. Au bout du fil : les familles des 1.500 personnes qui sont aujourd'hui en état végétatif ou en état pauci-relationnel, c'est-à-dire avec une conscience minimale, comme Vincent Lambert. Leurs proches s'inquiètent de la décision du Conseil d'Etat et de ses conséquences, si la haute juridiction juge qu'il faut laisser mourir Vincent Lambert.

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"Cette éventualité fait peur". Philippe Petit, dont le fils se trouve en état pauci-relationnel depuis douze, est particulièrement inquiet. "Mon fils a 25 ans aujourd'hui. Il vit avec nous par choix familial. C'est une crainte d'être demain confronté à un médecin qui, appliquant un protocole, nous dirait que les choses ont assez duré et que cela relève de l'acharnement thérapeutique de poursuivre cet accompagnement. Cette éventualité fait peur", confie sur Europe 1 le père de famille membre de l'UNAFTC.

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"Cette décision ne serait que celle de Vincent Lambert". Mais quand on parle de ces inquiétudes à l'équipe médicale de Reims, la réponse est très claire. Selon eux, il ne s'agit pas de dire que tous les patients en état pauci-relationnel doivent mourir, mais bien de faire du sur-mesure. "Aujourd'hui la décision qui pourrait être prise pour Vincent Lambert, cela concerne ce jeune homme de 38 ans, polytraumatisé crânien, marié, père d'une petite fille de 5 ans. Autant d'éléments qui représentent Vincent Lambert dans sa singularité, dans ce qu'il avait pu exprimer avant son accident, dans les souffrances qu'il vit au quotidien. Et cette décision ne serait que celle de Vincent Lambert", assure Dr Eric Kariger, le docteur de Vincent Lambert, qui dirige le service de médecine palliative du CHU de Reims

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"Ne pas être dans le champ du passionnel". Dr Kariger assure en effet qu'il ne s'agit en aucun cas de dire que les autres patients pauci-relationnels doivent être débranchés. Selon le spécialiste, ce genre de décision se prend au cas par cas et est extrêmement rare. "Dans notre unité, ouverte depuis dix ans, nous avons accueilli plusieurs dizaine de patients pauci-relationnels, c'est la première fois que nous avons eu à nous poser cette question là. Sachons ne pas être dans le champ du passionnel, mais dans celui de la raison et de la responsabilité médicale. Je fais confiance aux médecins de France pour, dans chaque situation donnée, prendre la meilleure décision pour leur patient", conclut-il.

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