Acquitté après avoir aidé sa femme à mourir

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avec Marguerite Lefebvre
JUSTICE - Pierre,  83 ans, comparaissait pour homicide volontaire avec préméditation. Son avocat a plaidé "un suicide dans l'amour".

"C'est un soulagement". Jugé pour avoir aidé son épouse à mettre fin à ses jours, Pierre a finalement été acquitté. Le retraité, âgé de 83, comparaissait pour homicide volontaire avec préméditation. Mais la cour d'assises du Var a estimé mercredi que le retraité dracénois "ne pouvait pas être complice d'un suicide".

Il la berce de mots d'amour. En réalité, le couple avait depuis des années formé le projet de partir ensemble. Mais au moment venu, le retraité n'a pas réussi rejoindre son épouse, en se mettant un sac plastique sur la tête, comme il l'avait prévu. Quand sa femme - sous dialyse depuis 19 ans - s'est infligée une piqûre dans le bras, sans raccorder le tuyau à l'appareil de dialyse, son compagnon l'a enlacée et bercée de mots d'amour.

"Il s'est exprimé avec ses mots : 'j'ai aidé, j'ai assisté ma femme dans son suicide'. Ce qui voulait dire que sa femme était contre lui, qu'ils se serraient tous les deux, pendant qu'ils se disaient des mots d'amour et qu'elle se vidait de son sang. C'est allé très vite, en deux-trois minutes, parce qu'elle était au bout du rouleau. Il lui restait quelques semaines à vivre", confie son avocate, Me Elisabeth Lacroix de Gubernatis, interrogée par Europe 1.

"Un couple extraordinaire". Le retraité avait ainsi accompagné son épouse dans chaque étape de sa maladie. "C'était un couple extraordinaire. Il était là à chaque consultation. Il y a même un des médecins qui a parlé de 'leur' maladie ! Ils étaient fusionnels", raconte encore l'avocate. Dans ces conditions, la cour a prononcé l'acquittement pour les faits de meurtre avec préméditation, comme l'avait requis l'avocat général.

Pierre remercie la cours d'assises à la suite du jugement :

Le "soulagement" de Pierre. Une décision de justice synonyme de "soulagement" pour l'octogénaire. "Je ne sais pas m'exprimer en public. Je ne vais pouvoir parler que d'amour. Comment vont-ils comprendre ?  Et vous l'avez compris. Je vous remercie", a réagi l'octogénaire devant la cours d'assises. Et l'avocate de préciser : "Il est épuisé, il est fatigué. Il va falloir qu'il se reconstruise. Mais la douleur, il l'aura toujours. Il ne va pas tourner une page, parce que c'était un couple tellement amoureux, qui avait eu 53 ans de vie commune, on ne tourne pas une page. Mais, il va pouvoir souffler."