Abolition de l’esclavage : le Cran déplore l'absence de Sarkozy

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Depuis 3 ans, tous les 10 mai, la France fête la Journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage. Cette année, les cérémonies officielles ont été délocalisées à Bordeaux en présence dimanche de Michèle Alliot-Marie et Yves Jégo. Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) "regrette amèrement " l’absence de Nicolas Sarkozy.

Second port négrier pendant deux siècles, Bordeaux accueille cette année la cérémonie de la journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage. L'absence de Nicolas Sarkozy est regrettée par le Cran qui assure que "la République a besoin que tous les Français, donc symboliquement le chef de l'Etat (et pas seulement les Noirs de France) se souviennent ensemble de la mémoire des millions de victimes de ces crimes". Le Cran s’interroge aussi "sur le refus systématiquement opposé par l'Etat à sa demande d'une grande action culturelle populaire en mémoire de l'esclavage en France" et demande le lancement "sans délai la construction d'un vrai musée national de l'esclavage en France".

A Bordeaux dimanche, Michèle Alliot-Marie a estimé que la mémoire n'était "rien" si elle n'était pas accompagnée d'"une prise de conscience". "Elle est importante car elle est valeur d'enseignement pour les générations à venir", a déclaré la ministre de l'Intérieur lors de l'inauguration au musée d'Aquitaine d'une exposition permanente consacrée au commerce atlantique et à l'esclavage en présence du secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Yves Jégo.

Cette exposition dévoile des gravures, cartographies et vidéos sur les traversées atlantiques regroupés en quatre chapitres évocateurs : "La fierté d'une ville de pierre", "Bordeaux porte océane, l'Atlantique et les Antilles", "L'Eldorado des Aquitains" et "Héritages".

L'écrivain Denis Tillinac revient sur les différents aspects de l'exposition :

 

 

"Ce n’est pas un devoir de repentance, c'est une réalité de l'Histoire de Bordeaux. On la constate, on la regrette, et on l'expose pour les générations à venir", explique l’adjoint de la culture Dominique Ducassou qui admet aussi que qu’il "n’y avait pas jusqu'à présent une forte visibilité de cette page".

Le conservateur en chef du Musée de l'Aquitaine explique à Stéphane Place l'organisation de l'exposition :

 

 

Ce n'est qu'en 1999 que le maire de Bordeaux, Alain Juppé, engagea "une politique de la juste mémoire" avec une exposition temporaire sur l'esclavage, baptisée "Regards sur les Antilles". "Il y a quinze ans, évoquer à Bordeaux la traite négrière et l'esclavage, n'allait pas de soi", a souligné l'ancien Premier ministre dimanche.

L'association DiversCités, qui a longtemps accusé la ville d'occulter son passé, s'est félicité de "ce pas positif" mais elle espère toujours la mise en oeuvre de la proposition du rapport Tillinac: l'édification à Bordeaux d'un mémorial de la traite des noirs.