A quoi ça sert un vol en apesanteur ?

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Thomas Morel
Le premier vol touristique sans gravité a eu lieu vendredi. Les chercheurs, eux, en font depuis longtemps.

Vendredi après-midi, la société Novespace a embarqué ses premiers "touristes de l'apesanteur" pour un vol de deux heures au-dessus de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac, dont un peu plus de cinq minutes sans gravité. Si l'expérience était une première pour les passagers, les scientifiques, eux, sont des habitués. Depuis des années, la filiale du CNES pratique les vols paraboliques -on les appelle ainsi car l'avion décrit une série de paraboles- à des fins de recherche. Mais à quoi servent ces sessions d'apesanteur ?

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• Préparer les expériences dans l'espace. Selon Bernard Chabbert, consultant aéronautique pour Europe 1, le vol en "zéro gravité" sert avant tout à préparer les expériences qui seront ensuite menées dans l'espace. "C'est un autre monde, avec d'autres règles", résume-t-il. Par exemple, les liquides ne se comportent pas de la même manière. "Sur Terre, si vous mettez de l'eau et de l'huile dans un verre, le premier reste au-dessous du second. Mais si vous faites la même chose en apesanteur, alors les deux se mélangent", explique-t-il.

Le principe est le même pour les fours destinés à créer des alliages de plusieurs métaux ou les machines à fabriquer des médicaments qui sont installées à bord de la station spatiale internationale. Du coup, toutes les machines qui doivent être embarquées à bord de l'ISS doivent d'abord subir une batterie de tests lors de vols paraboliques pour s'assurer qu'elles fonctionneront comme prévu.

• Des tests sur les satellites. Les expériences ont aussi des utilisations pratiques immédiates. Les chercheurs font ainsi des tests sur les antennes articulées des satellites, avant de les envoyer autour de la planète. "Fabriquer une charnière sur terre, c'est simple. Mais dans l'espace, le poids des objets est différent, et leur comportement est donc différent", détaille Bernard Chabbert. D'autant qu'il suffit d'une seule pièce qui ne marche pas sur un satellite pour voir s'envoler en fumée des dizaines de millions d'euros. "En apesanteur, il faut réapprendre à faire des choses qui paraissent très élémentaires, mais qui ne fonctionnent pas du tout de la même manière", conclut-il.

>> Ecoutez Bernard Chabbert raconter comment se passe un vol en apesanteur (à 25' 08)