"À l'époque, on l'appelait le syndrome gay"

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INTERVIEW E1. "À l'époque, on l'appelait le syndrome gay, ou la maladie des 4 H (homosexuels, héroïnomanes, hémophiles et Haïtiens)", se souvient au micro d'Europe1 Françoise Barré-Sinoussi, co-découvreuse du virus du Sida, découvert il y a 30 ans jour pour jour. La chercheuse raconte qu'en cette année 1983, elle ne s'imaginait "absolument pas" que le virus deviendrait le fléau qu'il est aujourd'hui. "Il y avait une cinquantaine de cas. On n'avait pas encore la notion de ce qu'il se passait en Afrique et de l'ampleur que ça allait prendre".

Aujourd'hui, certains chercheurs parlent de "début de la fin de l'épidémie", souligne la scientifique, Prix Nobel de médecine 2008. "Sur le principe, si tout les patients étaient sous traitement, on devrait pouvoir y arriver. Dans la réalité, on est loin de ça. Tous ceux qui ont besoin d'être traités ne le sont pas. Certains ne le savent même pas et peuvent transmettre le virus", estime-t-elle pour sa part. Selon Françoise Barré-Sinoussi toutefois, on peut aujourd'hui "vivre de façon quasi normale avec le Sida". "Ceux qui en meurent aujourd'hui, dans les pays développés en tout cas, sont ceux qui sont diagnostiqués très très tard", affirmé-t-elle, insistant donc sur le rôle crucial des politiques de prévention.

Concernant le vaccin, "on en est pas au point mort", estime la chercheuse. "Il a beaucoup d'échecs. Mais des échecs, on apprend. Il existe des anticorps très puissants. Les stratégies du futures consistent à faire en sorte de provoquer ces anticorps. À l'échelle de la science, 30 ans, c'est très court."