A Béziers, Ménard rend hommage à un partisan de l'Algérie française

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Salomé Legrand avec et AFP , modifié à
Robert Ménard, élu avec le soutien du FN, a rebaptisé la rue du "19 mars 1962", en rue du "Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc", un militaire ayant participé au putsch des généraux. 

Sous les acclamations de partisans de l'Algérie française et les huées de ses opposants, le maire de Béziers, Robert Ménard, a officiellement donné samedi à une rue le nom d'Hélie Denoix de Saint-Marc, un militaire, résistant, qui avait pris part au putsch des généraux. Double symbole : la rue qui est devenue samedi "rue du Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc" était la "rue du 19 mars 1962", date des accords d'Evian qui mirent fin à la guerre d'Algérie. Le changement de nom de cette rue proche du quartier de la Devèze, celui où Robert Ménard, né à Oran, s'était installé avec ses parents à son arrivée à Béziers, avait été annoncé en décembre 2014.

"L'Algérie, c'est notre paradis". La cérémonie a réuni environ 2.000 personnes dont 500 opposants. Ces derniers l'ont hué aux cris de "Ménard facho, Ménard assassin!". "L'Algérie, c'est notre paradis. Oser dire que la guerre d'Algérie s'est terminée le 19 mars, le jour de la signature des accords d'Evian, n'est pas seulement un mensonge, c'est une ignominie", a lancé le maire élu grâce au soutien du FN. Certains élus du parti frontiste, ont d'ailleurs apporté leur soutien à l'édile, comme David Rachline, le maire de Fréjus, dans le Var. 

"Non, je ne veux plus que nous soyons dans la repentance, je veux dire notre vérité à ceux qui armaient le bras des assassins des harkis, aux bourreaux qui nourrissent encore une haine de la France", a  déclaré le maire de Béziers. "Alors qu'on obligeait un million de Français à quitter leur Algérie natale, on ouvrait la France, quasi simultanément, à des millions d'immigrés bien décidés pour certains à ne jamais se sentir, à ne jamais devenir des Français à part entière", a poursuivi le maire de Béziers.

"Dire non à cette France métissée". "Il y a 50 ans (...), nous tapions sur des casseroles en scandant 'Algérie française'. Il faudrait aujourd'hui, avec la même ardeur, dire non à cette France métissée qu'on nous promet (...) mais dire oui à une France fière d'elle-même, de son histoire, de ses racines judéo-chrétiennes", a encore déclaré Robert Ménard, qui a achevé son discours sous les acclamations de ses partisans, qui scandaient "Algérie française". Ils ont ensuite entonné "Le Chant des Africains", un chant repris pendant la guerre d'Algérie par les Pieds-noirs et les partisans de l'Algérie française.

La classe politique réagit. L'initiative de Robert Ménard a suscité samedi la réprobation du Premier ministre Manuel Valls, qui a jugé en visite en Bretagne que "la nostalgie, et notamment la nostalgie de l'Algérie française, n'apportera(it) rien de bon". "Aujourd'hui, on a besoin de regarder l'avenir avec de l'optimisme et le Front national n'aime pas la France", a ajouté le Premier ministre. Une réaction qui n'a pas manqué d'agacer le maire de Béziers : "Une fois de plus, il fait preuve de "crétinisme" pour reprendre le mot de Michel Onfray", a rétorqué Robert Ménard au micro d'Europe 1, faisant allusion à la récente attaque du philosophe envers le Premier ministre dans une interview du Point. "On n'est pas là pour être nostalgiques de quoi que ce soit. [...] Oui, la colonisation n'est pas ce qu'on nous en décrit. Non, les pieds noirs n'étaient pas tous des colons qui roulaient en décapotables américaines. Tout cela, c'est des mensonges", a renchéri l'édile soutenu par le Front National.  

Sur Twitter, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a estimé qu'"avec Denoix de Saint-Marc, Ménard et FN montraient leur visage : réécrire l'Histoire, mépriser la mémoire et s'en prendre à la République".

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