Un quart des espèces vivant en France sont menacées d'extinction ou ont déjà disparu

L'artificialisation des sols prive de plus en plus d'espèces de leur habitat naturel.
L'artificialisation des sols prive de plus en plus d'espèces de leur habitat naturel. © JULIAN STRATENSCHULTE / DPA / AFP
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Romain David , modifié à
Le bilan 2018 de l’Observatoire national de la biodiversité s'alarme de l'érosion de la faune française, un phénomène qui s'est accéléré ces dernières années, notamment à cause de l'activité humaine.

Un document fleuve et une sinistre conclusion. De plus en plus d'espèces animales sont menacées, à en croire le rapport annuel sur l'état de la faune française, dressé par l’Observatoire national de la biodiversité. Ainsi, sur toutes les espèces évaluées, et pas seulement animales, un quart d'entre elles sont menacées d'extinction ou ont déjà disparu, déplore auprès d'Europe 1 Julien Massetti, qui a piloté ce bilan 2018 des "chiffres-clés de la biodiversité".

La richesse de la faune française menacée. Pour dresser ce constat, les chercheurs ont passé au peigne fin la France métropolitaine, mais aussi les territoires des Outre-mer – sur les 20.000 espèces endémiques vivant en France, les 4/5ème se trouvent hors de l'Hexagone -, ainsi que les 11 millions de km2 de souveraineté maritime tricolore. Leurs travaux pointent le rôle de l'homme dans cet appauvrissement de la biodiversité, en particulier à travers l'artificialisation des sols. "C'est l'une des pressions majeures qui pèsent sur la biodiversité et qui causent son érosion", explique Julien Massetti.

Des effets conjugués. Mais d'autres phénomènes entrent aussi en action. L'artificialisation se conjugue à la surexploitation des ressources, aux pollutions atmosphériques et lumineuses, mais aussi à l'arrivée d'espèces exotiques envahissantes. Enfin, le changement climatique ajoute un nouveau facteur de dégradation de la biodiversité.

Selon le bilan de l'Observatoire, la crise qui frappe la faune a eu tendance à s'aggraver ces dernières années, en dépit des messages d'alerte régulièrement lancés par la communauté scientifique sur l'état de la planète. Sur les dix dernières années, les populations de chauves-souris ont notamment diminué de près de 40%. Autre pointage qui trahit le déclin de la faune : depuis 1989, un tiers des oiseaux spécialistes des milieux agricoles ont disparu.

Un impact sur la biodiversité mondiale. "On peut mettre ça en rapport avec l'utilisation des pesticides qui continue d'augmenter, mais aussi avec d'autres tendances comme la disparition des prairies permanentes. On a perdu 9% des prairies permanentes sur la première décennie du 21ème siècle", détaille encore Julien Massetti. "On laisse de moins en moins de place à la biodiversité pour s'épanouir". Une situation d'autant plus grave que les territoires français abritent à eux seuls 10% de la biodiversité mondiale.