Quatre choses que vous ignorez (peut-être) sur les océans

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© RICHARD BROOKS / THE PEW CHARITABLE TRUSTS / AFP
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Anaïs Huet
À l'occasion de l'exposition "Océan, une plongée insolite", qui démarre mercredi au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, coup d'œil sur ce monde largement inconnu.
LE TOUR DE LA QUESTION

L'exposition "Océan, une plongée insolite" ouvre ses portes mercredi à la Grande galerie de l'évolution à Paris. Sensibiliser à la beauté de l'océan pour être plus réceptif à sa protection, c'est l'objectif du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN). Dans Le Tour de la question sur Europe 1, le biologiste marin et président du MNHN, Bruno David, nous dévoile quelques aspects méconnus de l'océan, de sa faune et de sa flore.

1. L'océan, c'est 96% du volume offert à la vie sur Terre

"La profondeur moyenne de l'océan est de 3.700 mètres, et la vie en occupe toute l'épaisseur. Sur les continents, la vie occupe seulement une pellicule de quelques centaines de mètres, là où volent les oiseaux qui vont le plus haut. Si on compare les volumes, la vie terrestre occupe 4% du total, la vie marine 96%. Mais cette proportion en volume ne veut pas dire que les différentes espèces sont plus nombreuses dans les océans. Au contraire, la diversité animale est plus riche sur Terre."

2. Le plancton participe à la régulation du climat

"On a l'habitude de dire que l'on doit une respiration sur deux à l'océan, grâce à l'oxygène produite par le phytoplancton.

Ce plancton végétal régule aussi la pluie et les nuages, puisque certaines espèces produisent une sorte de produit chimique qui va servir de point d'ancrage à la vapeur d'eau, qui va ainsi former des gouttelettes, et donc les nuages. On est dans un cycle vertueux : quand il fait beau, la photosynthèse (autrement dit la machine à fabriquer ces algues) fonctionne à plein, car l'énergie solaire arrive. Il y a beaucoup de ces algues, qui fabriquent donc des particules en nombre important, qui fabriquent donc elles-mêmes beaucoup de nuages. Il fait alors mauvais, il y a alors moins de plancton végétal. Donc il refait beau. Et le cycle recommence...

>> De 9h à 11h, c'est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l'émission ici

On ne s'en rend pas compte parce que c'est microscopique, mais le plancton végétal est plus important que la forêt tropicale en termes de puits de carbone. C'est très efficace. Un arbre a des racines, un tronc, et la photosynthèse va se faire sur seulement la surface des feuilles. Et en hiver, il n'y a plus de feuilles. Alors que pour le plancton végétal, chaque cellule est efficace pour capter le carbone."

3. L'eau transmet mieux les sons que l'air (et ça a des conséquences)

"Quand on plonge, on entend beaucoup de sons, et notamment la pollution sonore liée au passage des bateaux. De nombreux animaux marins communiquent de manière sonore, notamment les cétacés. Toutes les activités humaines qui font du bruit dans l'eau viennent perturber la transmission de ces signaux sonores. Cela crée du stress, et parfois de la surdité chez les animaux marins."

4. Les poissons des eaux froides ont des astuces "antigel"

"Les poissons qui vivent dans l'Antarctique ont développé des protéines antigel. L'intérieur de leur corps ne gèle pas, même si les poissons nagent dans des eaux inférieures à 0 degré.

De plus, comme ces eaux sont très riches en oxygène, certains poissons ont développé un système qui leur permet de se passer d'hémoglobine. L'oxygène traverse la surface de leurs corps de manière suffisamment rapide pour alimenter tous les organes.

C'est un système qui ne marche que dans les eaux très froides. Avec la menace du changement climatique, il est évident que ces espèces ne pourraient pas supporter une augmentation de température de l'océan austral, car toute leur physiologie est basée sur une température très froide."