Emmanuelle Charpentier (à gauche) et à l'Américaine Jennifer A. Doudna (à droite) 2:14
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avec AFP , modifié à
Le prix Nobel de chimie a été attribué ce mercredi 7 octobre à la Française Emmanuel Charpentier et à l'Américaine Jennifer A. Doudna pour le développement d'une méthode pour éditer le génome", les "ciseaux Crispr", permettant de couper un gène précis. 

Le prix Nobel de chimie 2020 a été attribué à Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna pour la découverte du ciseau à ADN Crispr-Cas9, a annoncé le comité Nobel ce mercredi 7 octobre. Cette récompense leur est décernée pour "le développement d'une méthode d'édition des gènes", avec "un outil pour réécrire le code de la vie", a souligné le jury à Stockholm en annonçant la récompense.  Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna succèdent à John B. Goodenough, Stanley Whittingham et Akira Yoshino, récompensés du prix Nobel de chimie 2019 pour "le développement des batteries au lithium-ion." La Française, 51 ans, et l'Américaine, 56 ans, deviennent les sixième et septième femmes à remporter un Nobel de chimie depuis 1901.

En juin 2012, les deux généticiennes et des collègues décrivent dans la revue Science un nouvel outil capable de simplifier la modification du génome. Le mécanisme s'appelle Crispr/Cas9 et est surnommé "ciseaux moléculaires". Si la thérapie génique consiste à insérer un gène normal dans les cellules qui ont un gène défaillant, comme un cheval de Troie, afin qu'il fasse le travail que ce mauvais gène ne fait pas, Crispr va plus loin : au lieu d'ajouter un gène nouveau, l'outil modifie un gène existant. Il est facile d'emploi, peu coûteux, et permet aux scientifiques d'aller couper l'ADN exactement là où ils le veulent, pour par exemple créer ou corriger une mutation génétique et soigner des maladies rares.

Deux chercheuses déjà couvertes de distinctions

La découverte, quoique récente, était citée depuis plusieurs années comme nobélisable et figurait parmi les favoris cette année. Mais elle fait aussi l'objet de disputes de brevets, notamment avec le chercheur américain d'origine chinoise Feng Zhang, ce qui poussait certains à penser que la récompense attendrait.

Les deux chercheuses ont déjà été couvertes de distinctions : le Breakthrough Prize (2015), le prix scientifique de la Princesse des Asturies (2015) ou encore le prix Kavli pour les nanosciences en Norvège (2018). Selon William Kaelin, prix Nobel de médecine l'an dernier, "la modification génétique par Crispr est de loin en tête" des découvertes de la décennie en médecine. Les deux chercheuses étaient également citées pour remporter un Nobel de médecine.