Jean-Louis Etienne : le Polar Pod, ce "grand flotteur qui fait 100 mètres de haut dont 75 mètres sont sous l'eau"

Jean-Louis Etienne prévoit de se laisser dériver pendant deux ans sur l'Océan austral à bord du Polar Pod © JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
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M.R.

Pour mieux étudier l'Océan austral qui entoure l'Antarctique, Jean-Louis Etienne va se laisser dériver pendant deux ans dans un navire baptisé Polar Pod, tout en hauteur. 

Premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire en 1986, l'explorateur et médecin, Jean-Louis Etienne, a un nouveau projet : se laisser dériver sur l'Océan austral pour faire différentes mesures. Son projet un peu fou repose sur un navire inédit, le Polar Pod qu'il a présenté vendredi au micro d'Europe 1.

Des eaux lointaines et presque inconnues. Pour Jean-Louis Etienne, l'exploration par l'homme de cet Océan qui entoure l'Antarctique (au Pôle sud) est essentielle. "On a des satellites qui font un travail remarquable et des mesures très fines sur la durée parce qu'ils repassent plusieurs fois au même endroit. Il y a aussi animaux instrumentés comme des éléphants de mer sur lesquels on met des balises mais on a quand même besoin de l'homme sur place." Car ces contrées lointaines sont encore mal connues et que la plupart des campagnes se font uniquement l'été, "l'hiver on ne sait pas ce qu'il se passe." 

Le Polar Pod, ce "grand flotteur". Mais pour être au plus près de ces eaux très froides, l'explorateur va se doter d'un navire inédit, tout en hauteur. "Polar Pod est un navire vertical. Ce bateau est un grand flotteur qui fait 100 mètres de haut dont 75 mètres sont sous l'eau. Et comme sur une mer agitée, il faut échapper à la surface, avec ce bateau on sera stable. Il y a une nacelle fixée en haut du mât avec quatre étages qui vont héberger sept personnes : trois officiers de marine marchande et quatre ingénieurs, techniciens, scientifiques."

Plusieurs missions pour une même expédition. L'équipe de scientifiques va étudier les échanges entre l'océan et l'atmosphère car les eaux froides sont des puits de carbone. Ils vont mesurer le CO2 absorbé par l'Océan austral. Ils vont également faire de "l'acoustique", c'est-à-dire "écouter la faune. On va faire un inventaire de la faune par acoustique", précise l'explorateur. Dernière mission, étudier la pollution de cette zone pourtant éloignée des activités humaines. "Ce n'est sans doute pas très pollué", estime Jean-Louis Etienne, mais les scientifiques vont tout de même se demander si les micros-plastiques sont entrés dans la zone polaire.

La pollution, une préoccupation. La pollution est un enjeu réel en Antarctique comme sur les continents habités. Et Jean-Louis Etienne est persuadé qu'il faut prendre des mesures comme la circulation alternée. "Ces mesures vont dans le bon sens. Les problèmes sont essentiellement dans les concentrations urbaines avec la concentration de véhicules." Un tri des voitures en fonction de leur degré de pollution qui est une première étape mais qui sert surtout à la prise de conscience des citoyens.

"Ces mesures sont aussi là pour alerter. Les gens se rendent compte qu'il y a une pollution urbaine qui s'accroît et qu'il va falloir faire quelque chose. C'est une occasion de se demander comment on va faire demain. Mais il faut voir à plus long terme. Les voitures vont devoir être électriques, les transports en commun fluides et fiables... C'est une perspective intéressante."

Une expédition de deux ans. Jean-Louis Etienne aura tout le loisir de réfléchir à ces perspectives puisque cette expédition inédite qui regroupe douze pays et 52 institutions scientifiques va durer deux années, en fonction du vent et du courant qui feront dériver le Polar Pod. "On va faire des mesures aux quatre saisons ce qui n'a jamais été fait." La construction du navire devrait démarrer en 2018 pour un départ fin 2019.