Hubert Reeves prend la défense des vers de terre : "Les sols où il n'y en a plus sont stériles"

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Europe1.fr , modifié à
Si le grand scientifique et défenseur de l'environnement Hubert Reeves concède que les vers de terre ne sont pas "glamours", il alerte sur la danger que représentent les pesticides sur leur survie.

Il est grand temps de réhabiliter les vers de terre. C'est le cri d'alerte que lance le scientifique et défenseur de l'environnement Hubert Reeves, invité de C'est arrivé demain sur Europe 1, dimanche. Sans ces vers, les sols ne seraient pas cultivables et certaines espèces n'’auraient tout bonnement plus rien à manger. Mais ces êtres si utiles sont menacés. "Dans certaines régions, on constate que les vers ont perdu 80 à 90% de leur densité", alerte Hubert Reeves, qui a par ailleurs pris fait et cause pour les vers de terre dans la revue We Demain.

Il existe en France 150 espèces de ver de terre. Mais une, l'allolobophora rosea, est menacée de disparaître de nos jardins. Selon Libération, sa population aurait été divisée par quatre en 40 ans. 

 

De plus en plus de sols stériles. Pourquoi une telle déliquescence de l'espèce ? "Les traitements que l’on donne au sol, pesticides et engrais, empoisonnent les vers", note d'abord le scientifique. "Or, on sait que les vers de terre sont essentiels : ils fertilisent le sol, ils creusent des tunnels par lesquels l'air et l’eau pénètrent. Les sols où il n'y a plus de vers de terre sont stériles", alerte-t-il. Dans un rapport de l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), publié en 2016, plus de 200 scientifiques spécialisés de 60 pays, le constat est accablant. Entre 25 et 40 milliards de tonnes de l'épiderme de la planète sont emportés chaque année à cause de l'érosion, du tassement, de la perte de nutriments et de biodiversité, de l'acidification, des pollutions, de l'engorgement ou encore de la salinisation. 

Un sujet "pas glamour" mais essentiel. Le scientifique souligne aussi le danger que représente les "grosses machines agricoles qui écrasent le sol", et empêchent les vers de terre de progresser dans leur environnement naturel. Cette catastrophe écologie "est évidemment moins spectaculaire que le réchauffement climatique", concède Hubert Reeves. "Ça ne fait pas la une des journaux. (…) C'est facile de parler de l'ours blanc, vous en faites de belles photos. Pas avec le ver de terre, car ce n'est pas glamour. Mais il est temps de le faire savoir", insiste le défenseur de l'environnement.