Le télescope James Webb va capter les échos du Big Bang

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Noémi Marois , modifié à
SCIENCE - La Nasa préparent pour 2018 un nouveau télescope spatial, le James Webb, destiné à remplacer Hubble.

Il est plus grand, il ira plus loin, il sera plus puissant. Alors que le télescope Hubble fête ses 25 ans et qu'il ne lui reste que quelques années à vivre, la Nasa est déjà en train de construire son remplaçant, le JWST (téléscope spatial James Webb). Ce projet auquel l'Agence spatiale européenne (ESA) et l'Agence spatiale canadienne participent, va permettre d'explorer des zones encore plus éloignées de notre système solaire. En octobre 2018, le James Webb décollera probablement à bord d'une fusée Ariane de la base de Kourou, en Guyane. Les premières images arriveront normalement deux mois après.

Miroir, mon beau miroir. L'innovation du JWST, gros bébé de 6,4 tonnes, tient principalement à son miroir, trois fois plus grand que celui de Hubble et qui lui permettra de capter 70% de lumière en plus. D'une taille de 6,5 mètres, il sera capable de récolter "des infrarouges alors qu'Hubble est un télescope optique qui prend la lumière visible et les UV", explique Alain Cirou, consultant scientifique d'Europe 1. 

Capter des infrarouges, quel intérêt ? La lumière, qui est comme un éventail, émet sur plusieurs ondes, celles que l'on peut voir à l’œil nu entre autres et celles, invisibles pour l’œil humain, comme les infrarouges ou les UV. Or, "l'univers est froid, en température mais aussi en lumière qui émet en infrarouge, le JWST sera donc capable de capter ces signaux", explique à Europe 1 Alain Cirou. De plus, "l'Univers est en expansion et les distances augmentent d'autant que les galaxies sont lointaines", explique-t-il. "De ces dernières, seuls des infrarouges nous parviennent".

C'est pourquoi le James Webb pourrait nous en apprendre beaucoup sur l'origine de l'Univers. Le télescope va être capable de recevoir de la lumière datant de 300 millions d'années après le Big Bang, au moment où les premières galaxies et les premières étoiles sont apparues.

Lire à travers les nuages. Mais l'autre avantage de lire les infrarouges est que "les yeux de James Webb seront capables de traverser les nuages de gaz et de poussière", très nombreux dans l'Univers. Là où Hubble prenait des clichés, le JWST "ira fouiller dans et au-delà de ces nuages", avec sans doute de nombreuses découvertes à la clef. 

Court de tennis. Mais attention, le JWST, baptisé du nom du patron de la Nasa des années 1960 qui lança les missions Apollo,  sera aussi plus sensible. Son miroir a en effet des inconvénients. S'il doit récolter des infrarouges d'une zone située au lointain, il ne doit pas recevoir des infrarouges émis près de lui, au risque de fausser ses résultats. D'où la nécessité pour les ingénieurs d'équiper le James Webb d'un bouclier thermique protecteur. De la taille d'un court de tennis, il isolera notamment le télescope des rayons en provenance du Soleil. 

Il réalisera ainsi des observations inédites dont les télescopes terrestres sont incapables. Ces derniers ne peuvent en effet recevoir les infrarouges issus des confins de l'Univers. "L'atmosphère de notre planète fait barrage mais tous les infrarouges présents sur Terre viendraient aussi parasiter les observations réalisées", rapporte l'expert.

Un voyage à haut risque de 1,5 million de kilomètres. Après son décollage et son largage dans l'espace, le James Webb, avant de s'atteler à sa tâche, devra accomplir un périple de 1,5 million de kilomètres jusqu'au point de Lagrange. Pourquoi si loin ? À cet endroit, le James Webb pourra "être statique car c'est une zone éloignée de toute influence gravitationnelle", que ce soit celle de la Terre, du Soleil ou la Lune.   

Un déploiement "comme un parapluie". Mais avant qu'il se mette vraiment au travail, la Nasa a de quoi se faire plusieurs frayeurs. "Il y a l'épreuve du décollage aux enjeux énormes car jamais Ariane n'a porté une charge d'une telle valeur", estime Alain Cirou. Puis, "il y a un long trajet où des problèmes de moteur peuvent survenir et enfin, le déploiement du télescope comme un parapluie qui s'ouvre, où des problèmes techniques peuvent survenir", rapporte le spécialiste qui voit là "de nombreuses phases critiques en perspective". 

Le plus inquiétant est que contrairement à Hubble qui, proche de la terre, a pu être réparé cinq fois et allonger ainsi sa longévité, le JWST, lui, est trop loin pour être réparable en cas de casse. "Et si il ne se déploie pas, il ne fonctionnera pas", tranche Alain Cirou. Ce qui occasionnerait une perte de près de 10 milliards d'euros pour la Nasa et ses partenaires. 

VIDÉO – Hubble, le télescope qui a révolutionné...par Europe1fr

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