Vers une prise en charge à 100% des frais de santé pour les enfants placés

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"En termes de santé et d'éducation, les enfants protégés ne bénéficient pas des mêmes soins ni du même suivi que les autres", regrette la ministre. © ERIC FEFERBERG / AFP
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avec AFP , modifié à
La ministre de la Santé Agnès Buzyn, dans un entretien mardi à "La Croix", explique que les mineurs confiés à l'Aide sociale à l'enfance souffrent d'un "gros déficit de prise en charge". 

Le gouvernement veut mettre en place une prise en charge à 100% des frais de santé des quelque 340.000 enfants et adolescents confiés aux services sociaux, a annoncé mardi la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn.

"Un parcours de santé axé sur les besoins de ces enfants". "En termes de santé et d'éducation, les enfants protégés ne bénéficient pas des mêmes soins ni du même suivi que les autres. L'État pourrait par exemple s'engager à financer un parcours de santé axé sur les besoins de ces enfants, impliquant davantage les agences régionales de santé", dit Agnès Buzyn au quotidien La Croix.

Par cette mesure, annoncée à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant, les pouvoirs publics entendent remédier à un "gros déficit dans la prise en charge" des mineurs confiés à l'Aide sociale à l'enfance, sur le plan de la santé physique comme psychologique, a précisé l'entourage de la ministre.

"Une demande de longue date des professionnels". Une telle prise en charge à 100% par la Sécurité sociale d'un "parcours spécialisé" de soins répond à une demande de longue date des professionnels concernés, a commenté auprès Michèle Créoff, vice-présidente du Conseil national de la protection de l'enfance (CNPE). Les enfants et adolescents placés bénéficient d'un "suivi sanitaire très défaillant", alors que nombre d'entre eux présentent des "troubles liés aux phénomènes de violence" et des "pathologies associées à une vulnérabilité émotionnelle et psychique", ainsi qu'un risque important de suicide, a ajouté Michèle Créoff.

"Campagne choc" de sensibilisation. Agnès Buzyn a par ailleurs annoncé à La Croix la nomination prochaine d'un haut-commissaire à la protection de l'enfance, qui sera chargé de "proposer une nouvelle stratégie et organiser un meilleur pilotage de cette politique". Sur le sujet des violences faites aux enfants, qu'il dit vouloir "prendre à bras-le-corps", le ministère des Solidarités lance mardi soir une "campagne choc" de sensibilisation, avec un spot qui sera diffusé juste avant le journal de 20 heures sur France 2 pour inciter le grand public à signaler les cas de maltraitance dont il pourrait avoir connaissance. "Pour arrêter ça, agissez (...). Enfants en danger : dans le doute, appelez le 119", proclame cette vidéo, qui ne montre aucune violence, mais laisse entendre les cris et les pleurs des enfants maltraités.