Traitement des migraines, de la sudation ou des spasmes : les usages méconnus du Botox

Le Botox n'est pas utilisé qu'en chirurgie esthétique (photo d'illustration).
Le Botox n'est pas utilisé qu'en chirurgie esthétique (photo d'illustration). © JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
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Guilhem Dedoyard
Les toxines botuliques, utilisées en chirurgie esthétique, possèdent des effets bénéfiques dans d'autres secteurs médicaux. Sur Europe 1, le docteur Benjamin Ascher, chirurgien plasticien et esthétique précise les rôles que peuvent jouer ces toxines et tout ce qu'il faut savoir avant une injection.

Les toxines botuliques, communément appelées Botox, ont parfois mauvaise presse, malgré une utilisation croissante. Sur Europe 1, dans Sans rendez-vous, le docteur Benjamin Ascher, chirurgien plasticien et esthétique à Paris, dissipe les malentendus sur ce produit aux multiples usages. "C'est un médicament, qui a pour fonction de bloquer la jonction entre le nerf et le muscle, cela diminue l'activité musculaire et donc la ride créée par le muscle".

Sur le plan esthétique, "il y a trois belles indications : les rides du front, les rides verticales du lion, et celles du sourire, celle de la patte d'oie." Mais au-delà de la médecine esthétique, le Botox a une trentaine d'utilisations "sérieuses", parmi lesquelles : "le spasme du pylore, en gastro-entérologie, le spasme de la vessie, en urologie, le traitement des migraines ou la réduction des sudations des aisselles et des mains".

400 euros pour l'ensemble de la séquence d'injection

Selon le docteur Ascher, 100.000 à 150.000 se font injecter du Botox, chaque année en France. Le prix moyen est de "400 euros pour l'ensemble de la séquence d'injection". Le produit se dégrade au bout de six mois, ce qui peut justifier deux interventions par an,"mais pour un certain nombre de nos patients, une séance par an, c'est largement suffisant" pour prévenir le vieillissement. La pratique n'est pas douloureuse, "on n'a pas d’anesthésique à mettre" et ne "laisse jamais de séquelles".

Pas question pour autant d'injecter des personnes trop jeunes met en garde le docteur Benjamin Ascher : "quand elles ont 20 ans ça n'a aucun intérêt. Il faut savoir les refuser. Elles n'ont ni le problème, ni l'âge pour justifier ça". En effet, les rides que permettent de traiter les toxines botuliques "vont apparaître après trente ans", un traitement peut ainsi s'envisager de "35 à 55 ans environ". Mieux vaut ne pas trop attendre la formation des rides néanmoins, "plus le muscle se contracte, plus il va entraîner une profondeur de la ride".

Ne s'adresser qu'aux professionnels de santé

Quelques précautions demeurent à prendre. D'abord seules trois catégories de professionnels ont été formés à utiliser ces toxines, comme le rappelle le docteur Benjamin Ascher. "Les chirurgiens plasticiens, les dermatologues et les médecins esthétiques, sont les praticiens qui peuvent injecter l'ensemble de ces produits." Pour trouver le professionnel de santé à qui confier cette opération, le mieux reste selon lui le bouche-à-oreille, celui "d'une amie en qui on a confiance et son médecin généraliste".

Hors de ces professionnels, il est essentiel de se rappeler que la médecine esthétique à domicile, "est totalement interdite en France. Les livraisons sur internet permettent de contourner la loi, mais ce qui paraît sympathique peut être dangereux. Il y a eu des morts avec des toxines frauduleuses". En Grande-Bretagne, "60% des injections sont réalisées par des non-médecins, il y a de plus en plus d'accidents".

Des innovations à venir

Pour l'heure, il existe trois produits fiables sur le marché français : le Dysport, le Botox et le Xéomin. "Ce sont des médicaments qui marchent très bien". Trois nouveaux produits vont arriver de Corée dans les années qui viennent, "qui sont de bonne qualité mais qui vont surtout jouer sur le prix de l'injection." Mais les innovations vont aussi arriver sur les produits existants avec notamment "une forme liquide, plutôt qu'en poudre actuellement, prête à l'emploi et avec une dose constante, permettant des résultats identiques" explique le docteur Ascher.

Des travaux sur les effets sont également en cours, avec le fast-acting, permettant un effet des "toxines plus rapide, contre 15 jours actuellement". Mais également le long-acting, augmentant la durée d'action jusqu'à "douze à quinze mois".