Tampons, serviettes hygiéniques : que faire pour éviter les produits toxiques ?

© JACQUES DEMARTHON / AFP
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60 millions de consommateurs pointe la présence de résidus "potentiellement toxiques" dans certaines protections féminines. 

Qu'y a-t-il dans les tampons et les serviettes hygiéniques ? Le magazine 60 millions de consommateurs a mené l'enquête sur onze produits différents. Résultat : sur cinq d'entre eux, l'Institut national de la consommation (INC) a relevé la présence de résidus "potentiellement toxiques". Alors, comment ne pas se tromper lorsque l'on est consommatrice ? Pas si simple… Décryptage.

Lire l'étiquette ne sert à rien. C'est le premier enseignement de cette étude : il est difficile de savoir de quoi sont composées les protections féminines. En effet, les fabricants n'ont pas d'obligation légale d'afficher la composition de leurs produits. L'INC assure avoir obtenu "non sans mal" les composants des onze produits analysés dans son étude pour 60 millions de consommateurs.

"Sous couvert de 'secret industriel', les fabricants ont beaucoup rechigné à nous livrer leurs ingrédients. Ce mutisme n’est plus acceptable. La liste de tous les composés d’un tampon ou d’une serviette doit figurer sur l’ensemble des emballages. Il est temps que Tampax et consorts lèvent le voile sur les procédés de fabrication de leurs produits", dénonce l'INC. Sur change.org, une pétition (180.000 signataires) demande d'ailleurs au gouvernement de légiférer sur la question.

Cinq produits pointés du doigt. L'enquête de l'INC nous permet tout de même d'en savoir un peu plus, même si l'institut n'a pas pu avoir de données sur l'ensemble des produits du marché. Plusieurs substances sont tout de même pointées du doigt et ont été retrouvées dans cinq produits différents :

  1. Dans les tampons "O.B. Original normal", fabriqués par Johnson & Johnson Santé Beauté France, ont été retrouvées des traces de "dioxines", des polluants industriels.
  2. Dans les tampons "NETT - Procomfort smooth technology super", du même fabricant, ont été décelés les mêmes types de dioxines.
  3. Dans les "Tampax - Compak Active régulier fresh", fabriqués par Procter & Gamble, l'INC a retrouvé des résidus de "dérivés halogénés", des produits pour nettoyer les matières premières.
  4. Dans les protège-slips "Organyc - Flux léger coton biologique", fabriqués par Corman, l'INC a décelé des traces de "glyphosate", une substance active que l'on trouve par exemple dans… l’herbicide "Round up". Une découverte étonnante dans un produit qui s'affiche "bio".
  5. Enfin, dans les serviettes hygiéniques "Always - Silk collection avec ailettes normal plus", fabriquées par Procter & Gamble, ont été retrouvés des "pesticides organochlorés et pyréthrinoïdes", une matière utilisée dans les insecticides.

Les six autres produits analysés par l'INC n'ont donc pas éveillé les soupçons. Il s'agit 

  1. Des serviettes "Nana - Deo Fresh ultra normal plus"
  2. "Natracare - Ultra pads Organic cotton cover normal"
  3. "Vania - Extra finesse normal +"
  4. Des protège-slips "Always - Dailies Fresh & protect normal"
  5. "Nana -Légèrement parfumé Curve Fit Deo Fresh"
  6. "Vania - Kotydia confort + normal fresh parfumé"

Faut-il arrêter d'acheter ces cinq produits ? En l'attente de mesures claires sur l'étiquetage, doit-on forcement considérés les cinq produits désignés comme dangereux pour l'intimité féminine ? Non, répond l'Institut national de la consommation. Celui-ci reconnaît que "les niveaux (de substances dangereuses) relevés sont faibles". Mais certaines de ces substances sont soupçonnées d'être des perturbateurs endocriniens (susceptibles de déséquilibrés le système hormonal). Et les données scientifiques manquent pour évaluer le risque pour les femmes.

"Ce n’est pas parce que les taux sont faibles que l’on peut garantir le risque zéro. En l'absence d’étude sur le passage systémique de chaque substance à partir du vagin, on ne peut rien conclure. D'autant que le vagin a une perméabilité très sélective en fonction des substances, ce qui a été très bien étudié pour les médicaments", décrypte pour 60 millions de consommateurs le Dr Jean-Marc Bohbot, infectiologue et directeur médical à l’Institut Fournier, à Paris.

En l'attente d'études plus précises, l'INC alerte donc les pouvoirs publics et "demande la mise en place d'une réglementation spécifique pour les protections féminines, imposant une plus grande transparence et des contrôles plus rigoureux ainsi qu'un étiquetage de la composition".