Plus on prend de l'âge, plus on a un risque de faire des phlébites. 6:38
  • Copié
Céline Brégand
Les patients atteints de phlébite ou de thrombose subissent souvent plusieurs jours des douleurs dans un membre avant de consulter un médecin. Pourtant, cette obstruction d'une veine par un caillot sanguin doit être traitée rapidement. Le Dr Ariel Toledano, médecin vasculaire et phlébologue à Paris, explique dans "Sans rendez-vous" mercredi tout ce qu'il faut savoir sur la phlébite. 
DÉCRYPTAGE

Une phlébite se manifeste par une douleur vive et un gonflement dans un mollet, une cuisse ou plus rarement dans un bras. Favorisée par l'immobilisation, une phlébite peut entraîner une embolie pulmonaire. Invité de "Sans Rendez-Vous" mercredi, le Dr Ariel Toledano, médecin vasculaire et phlébologue à Paris, explique sur Europe 1 comment reconnaître une phlébite, ses facteurs de risque et son traitement. 

Comment se manifeste une phlébite ? 

La phlébite ou thrombose est "un caillot qui apparaît dans une veine et qui l'occlut", explique le Dr Ariel Toledano. Cela génère une douleur, qui devient souvent intense chez les patients, alors obligés de consulter. Elle se manifeste par "l'apparition d'un œdème, d'un gonflement au niveau du mollet par exemple, qui devient un peu rouge et douloureux", décrit le médecin vasculaire. "Quand la douleur apparaît d'une manière unilatérale, c'est synonyme de phlébite", résume-t-il. 

Faut-il toujours s'inquiéter du risque d'embolie pulmonaire ?

"Toute phlébite ne donnera pas d'embolie pulmonaire", rassure le phlébologue. "Certaines, quand elles ne sont pas traitées, vont migrer, c'est-à-dire que le caillot va remonter au niveau des veines des membres inférieurs pour aller encore plus haut, jusqu'à atteindre les artères pulmonaires", détaille-t-il. Mais "il faut vraiment que le caillot soit situé assez haut" pour qu'il y ait un risque de faire une embolie pulmonaire. 

Plus le caillot est situé haut au niveau de la cuisse par exemple, plus il a un risque de générer une embolie pulmonaire. "S'il est bas, il y a moins de risque parce qu'il faut qu'il remonte tout le membre inférieur", ajoute-t-il.

Si "80% des thromboses touchent principalement les membres inférieurs", on peut en faire également au niveau des membres supérieurs c'est-à-dire au niveau du bras ou de l'avant-bras. "Cela arrive souvent dans un contexte particulier quand la veine a été particulièrement irritée après une perfusion ou une prise de sang par exemple", mais cela reste "beaucoup plus rare", souligne le Dr Ariel Toledano. 

Quelles sont les populations les plus à risque ? 

"Avant 40 ans, il y a quasiment une personne sur 10.000 qui va faire une phlébite donc c'est quand même assez rare", explique le médecin vasculaire. Passé 75 ans, "c'est une personne sur cent". En somme, plus on prend de l'âge, plus on a un risque de faire des phlébites. 

La grossesse est également un facteur de risque. "Quand on est enceinte, on a cinq fois plus de risques de faire une phlébite", expose le docteur. "Les femmes enceintes doivent donc être très vigilantes, surtout celles qui ont des antécédents, ou qui en ont eu des phlébites", prévient-il.  

Certaines maladies inflammatoires comme les rectocolites hémorragiques peuvent aussi favoriser les phlébites. Tout comme les cancers, ou encore l'immobilité. Par exemple, quand on est amené à être hospitalisé et qu'on ne va pas bouger de son lit ou si l'on reste chez soi sans bouger, comme pendant le confinement. "Quand on ne bouge pas, on ne mobilise pas les muscles du mollet qui aident le sang à remonter. Si en plus, on ne s'hydrate pas assez, le sang devient moins fluide et un caillot peut se former", explique Ariel Toledano.

La phlébite peut aussi être héréditaire puisque chez certaines personnes le sang coagule plus facilement et que cela est héréditaire. C'est pourquoi il est nécessaire, avant la mise en route d'un contraceptif, de faire une analyse de sang afin de vérifier s'il y a un trouble de la coagulation. "Des phlébites apparaissent chez des jeunes femmes qui démarrent un traitement contraceptif", note-t-il.

Risque-t-on de faire une phlébite lors d'un long trajet en avion ou en voiture ?

Une personne a plus de risque de faire une phlébite à la suite d'un long trajet en avion qu'en train ou en voiture. "Dans un avion, la pressurisation de la cabine accentue les risques", note le Dr Ariel Toledano. Mais lorsqu'une personne qui est à risque ou qui a déjà fait une phlébite se prépare à un long voyage en voiture, "il faut être vigilant et préparer le terrain". Ainsi, on peut choisir de porter des chaussettes de contention qui peuvent aider ou parfois prendre un traitement. 

Que faire quand on pense avoir une phlébite ?

Le mieux est d'en parler à son généraliste, qui dirigera vers un médecin vasculaire qui va tout de suite engager le traitement. Quand quelqu'un consulte pour une phlébite, "l'urgence est évidente". Il faut donc faire le diagnostic. "On ne peut pas se limiter à la clinique. Il faut identifier et localiser le caillot grâce à une échographie Doppler", précise le docteur. Et il faut distinguer deux types de phlébites : la phlébite superficielle qui touche le réseau veineux superficiel et la phlébite profonde qui touche le réseau veineux profond, qui est beaucoup plus grave et comprend un risque d'embolie pulmonaire plus important. 

Mais le Dr Ariel Toledano prévient : "Tout cela peut se faire très vite, on n'attend pas trois ou quatre jours" car bien souvent les patients attendent plusieurs jours après l'apparition des douleurs. "Quand on a une phlébite, il est important de rechercher la cause", insiste-t-il. "Une fois qu'on a la cause et que la cause est traitée, on n'a plus besoin de traiter la phlébite. Mais si la cause persiste, il faudra peut-être prendre un traitement pendant plus longtemps". 

Comment traiter une phlébite ? 

"90% des phlébites sont aujourd'hui traitées à la maison", indique le docteur. Sauf quand les phlébites sont très hautes et qu'il y a un vrai risque d'embolie pulmonaire. "À ce moment-là, on préfère hospitaliser les patients pour qu'ils soient proches d'une unité de soin intensif pour la prise en charge en cas de problèmes respiratoires".

Concernant le traitement, on n'est plus obligés de faire des injections comme avant, même si cela concerne encore des patients atteints de cancer. "Depuis dix ans, on dispose de nouveaux traitements, des anticoagulants oraux directs qui permettent de traiter les phlébites facilement sans faire des analyses de sang régulières", souligne Ariel Toledano. Chaque patient reçoit un traitement adapté à son cas.

Quant à la durée du traitement, elle varie en fonction de la localisation de la phlébite et de si cela est une récidive ou un premier épisode. Quand c'est la première fois que cela arrive, "en général, la durée du traitement est entre six semaines et trois mois", mais quand c'est une récidive, "la durée du traitement passe à six mois".

Les bas de contention sont-ils vraiment utiles ?

"C'est très important de garder la contention pendant au minimum trois à six mois", estime le Dr Ariel Toledano. Plus on met un bas de contention tôt, moins il y a de risques de complication. "Quand un caillot se forme dans la paroi, il peut la dégrader de manière durable et entraîner un reflux profond de la veine. Donc c'est important de continuer à mettre des bas de contention pour aider la veine fragilisée à être plus fonctionnelle", explique-t-il.

Une déchirure musculaire peut-elle se transformer en phlébite ?

"C'est assez fréquent", remarque le docteur. "Au retour des vacances de ski, souvent, les gens se sont fait des déchirures musculaires. Et l'immobilité qu'a entraînée la déchirure musculaire a pu entraîner une thrombose ou cela a pu se générer de manière associée", expose-t-il. "Quand on donne des traitements pour une déchirure musculaire et qu'on a aussi une phlébite, c'est un peu plus complexe parce que ça va retarder la cicatrisation du muscle puisqu'on va donner un traitement anticoagulant", ajoute le phlébologue.