La boulimie a des conséquences physiques et psychiques. 2:01
  • Copié
Laetitia Drevet
La boulimie est une pathologie psychiatrique qui touche principalement les jeunes femmes. Souvent vécue comme "honteuse" par les personnes atteintes, elle est encore trop rarement prise en charge, alerte Bruno Rocher, psychiatre et addictologue au CHU de Nantes, invité d'Europe 1 jeudi.

C'est un trouble complexe, à la fois physique et psychique. "La boulimie va obnubiler le patient jusqu’à limiter ses capacités de liens sociaux et ses investissement sur les autres sujets de sa vie", souligne Bruno Rocher, psychiatre et addictologue au CHU de Nantes. Cette pathologie touche en majorité les jeunes femmes. Reste que beaucoup de patientes passent sous les radars : selon Bruno Rocher, entre 20 et 50% des personnes touchées seulement sont prises en charge médicalement. Invité mercredi de Sans Rendez-vous, il a expliqué comment mieux reconnaitre les symptômes de cette maladie.

La boulimie est répertoriée comme un trouble psychiatrique. Il est caractérisé par l'ingestion d'une quantité massive de nourriture, suivie d'une purge ou d'un jeûne sélectif visant à maintenir le poids égal. Mais la boulimie implique aussi une préoccupation constante. "C'est inquiétant car ces patients ont une telle préoccupation de maintenir le poids, d'annuler la conduite honteuse de prise alimentaire que ça va sans cesse occuper leur esprit." 

Des symptômes souvent dissimulés

Si cette maladie est encore trop peu prise en charge, c'est que les symptômes ne sont pas toujours visibles, dissimulés par les patientes parfois pendant des années. "J'ai déjà vu des femmes de 40 ans qui en souffrent depuis l'adolescence mais qui n'ont jamais été suivies", explique Bruno Rocher. Quelques signes peuvent cependant alerter les parents. "La plupart du temps, l'alimentation des jeunes filles concernées est apparemment très - voire trop - 'saine', avec beaucoup de légumes et peu ou pas de gras et de sucre. Mais après un repas qui peut passer pour normal, les patients vont fondre sur leur réserve alimentaire ou piquer en douce dans les placards et faire une crise à l'abri des regards."

La durée et l'intensité des crises varient d'une personne à l'autre. "Elles surviennent au minimum quelques fois par semaine, sur plusieurs mois d'affilée. Dans les situations les plus sévères, on note des crises de 4 à 7h, avec du remplissage et des purges en alternance." Dans 80% des cas, les purges prennent la formes de vomissements, mais certaines patientes ont recours à des laxatifs ou à des jeûnes pendant un ou plusieurs jours." 

Conséquences physiques et psychiques

Les déclencheurs sont multiples et particuliers à chaque patiente. "Mais il y a des profils plus à risques : un traumatisme, une faible estime de soi, une ambiance familiale centrée sur le corps…", énumère Bruno Rocher. Ce trouble peut être associé à d'autres maltraitances corporelles, comme des scarifications. Les conséquences psychiques de cette pathologie sont nombreuses, allant du mal-être aux pensées suicidaires, et peuvent se traduire par une dépression plus ou moins sévère. Les conséquences physiques sont aussi importantes, avec des troubles digestifs, un œsophage abimé et une dégradation des dents. 

Les personnes atteintes sont donc le plus souvent prises en charge par plusieurs médecins, généraliste, psychiatre ou psychologue et nutritionniste. "L'accompagnement nécessite que la patiente soit volontaire et engage elle-même le processus de guérison. C'est une prise en charge longue et difficile."